Vous me dites que le golf de la PGA a changé depuis sa précédente visite au club Royal Montréal, en 2001? Qui de mieux pour en discuter que Bill Paul. Il en est à sa 21e année à titre de directeur de l’Omnium canadien RBC, mais à sa 33e année d’association si l’on compte ses années passées dans le rôle d’adjoint de son mentor, Dick Grimm, ainsi qu’à ses débuts lorsqu’il était un travailleur-étudiant.
Bill Paul est un grand ami du golf au Québec.
« La décision de quitter Glen Abbey (alors site permanent de l’Omnium) pour revenir à Montréal, en 1997, n’avait pas fait ce qu’on peut appeler l’unanimité parmi nos directeurs de Golf Canada, raconte-t-il. C’est alors que j’ai proposé à Michael Richards, du club Royal Montréal, de nous retrousser les manches pour confondre les sceptiques et nous avons effectivement réussi à en faire un succès colossal », raconte-t-il.
Soit dit en passant, la sélection de Montréal pour présenter la Coupe des Présidents de 2007 est le résultat du lobbying de Mike Weir certes, mais aussi du duo Michael Richards et Bill Paul. Ils ont largement contribué à la décision prise par Tim Finchem, commissaire du Circuit de la PGA.
Business en transformation
En tant que doyen parmi les directeurs de tournois du Circuit de la PGA, Bill Paul est très bien placé pour nous dire à quel point le business du golf s’est transformé au fil des années.
« L’impact de l’argent corporatif a complètement changé la donne, soutient-il. J’ai commencé lorsque la bourse globale de l’omnium se chiffrait à 300 000$ et, depuis quelques années, elle est passée à 5,7 M$. »
Et cela n’inclut pas certains bénéfices et privilèges.
« À mes débuts, les joueurs payaient pour leurs balles au terrain d’exercice. Aujourd’hui, les repas, les voitures de courtoisie et plus encore sont offerts gracieusement à tous », indique-t-il.
De façon à étoffer la participation, Bill Paul est l’initiateur (avec Jim Little) d’une initiative qui consiste à noliser un avion pour permettre aux participants de l’Omnium britannique de rentrer directement à Montréal au terme de leur ronde finale.
Une équipe qui rapporte
Face aux grands maux causés par un soi-disant manque de compétition, on a pris les grands moyens. Ainsi, on a formé l’Équipe RBC, qui compte en ses rangs des noms tels : Ernie Els, Jim Furyk, Matt Kuchar, Graeme McDowell, Hunter Mahan et plusieurs Canadiens dont Mike Weir, David Hearn et Graham DeLaet.
« Il faut comprendre que le golf n’est plus l’affaire de la PGA, mentionne Paul. Notre sport n’a plus de frontières. Et comme les étoiles veulent jouer partout, il faut être très vigilant. Même Jack (Nicklaus) doit maintenant prendre le téléphone pour solliciter personnellement des participations de nos jours! »
Avec la demande accrue, les joueurs sont plus sélectifs.
« Un autre changement est toute cette place qu’ont pris les étapes du grand chelem, opine-t-il. Elles ont toujours été importantes et elles le sont plus que jamais maintenant, puisque les têtes d’affiche préparent leur calendrier en prévision de ces grands rendez-vous. Cela représente un autre défi pour nous. »
Tout est aussi plus gigantesque. Pas surprenant que Bill Paul ait plus de walkie-talkie qu’il a de mains et de poches pour les transporter pendant une journée de tournoi.
« Il y a 2000 personnes au sein d’une organisation durant la semaine de l’Omnium, précise celui qui refuse qu’on le nomme patron. J’ai toujours cru aux vertus du travail d’équipe. J’insiste toujours à l’effet que nous sommes tous des partenaires. »
Parmi les modifications qui sont des améliorations, il y a la télé, notamment Golf Channel, qui diffuse du golf 24 heures sur 24 et 365 jours par année. « Et cela partout dans le monde », souligne Bill Paul.
Il ne faut pas banaliser la haute technologie dans l’équipement. Tout a changé. Cela jusque dans les détails qui vont plus loin que les agents et les psychologues.
« Pensons aux cadets, remarque Bill Paul. Jadis issus des milieux moins aisés et souvent même pauvres, ils sont maintenant des pros et des diplômés d’universités avec des contrats personnels de publicité. »
Ne doutez pas non plus que les golfeurs sont des athlètes : « Elle est définitivement révolue l’époque où il suffisait de frapper des balles pendant une heure et de s’arrêter au vert d’exercice avant de se rendre au premier tertre sans plus de préparation. Aujourd’hui, les joueurs s’entraînent des heures et des heures. La PGA a ses gymnases motorisés avec des experts du conditionnement physique », poursuit Bill.
Son ami le Tigre
Parle, parle, jase, jase, Bill Paul évoque un autre changement qui est le plus important et qui a un nom : Tiger Woods, aussi un ami.
Saviez-vous que le Tigre n’avait jamais raté un tournoi à Montréal (avant cette année suite à son opération au dos), ce qui n’a pas été le cas à Glen Abbey ou ailleurs.
« L’effet Tiger est incommensurable, dit-il. Tiger a tout transformé. Il a vraiment révolutionné le golf. Il a fait connaître son sport partout pour le rendre planétaire. Il a enrichi plein de gens, dont ses confrères de la PGA avec l’explosion des contrats-télé qui ont gonflé les bourses. »
Le temps file… Allo Bill! Bill es-tu là?, entend-on sur sa radio portative. Un dernier commentaire de Bill Paul sur le golf de la PGA version 2014.
« Le calibre de jeu est en croissance exponentielle ou presque et j’explique. En 1997 et 2001 (plus récente visite de l’Omnium au Royal Montréal), 25 et peut-être 30 gars au gros maximum avaient une chance réaliste de gagner : à présent, ils sont 100 et plus, ce qui donne une bonne idée de la profondeur du produit. »
Tant mieux pour le spectacle!