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Un bâtisseur à l’honneur

Cape Breton Highlands Links (highlandslinksgolf.com)

L’intronisation de Stanley Thompson et Jocelyne Bourassa au Panthéon des sports canadiens, l’automne prochain, sera un moment charnière pour le golf au pays.

À mon avis, c’est aussi important que l’attribution de l’Ordre du Canada à Mike Weir et Lorie Kane, à égalité avec l’intronisation de Marlene Streit au World Golf Hall of Fame. Mais ce qui distingue Thompson des autres, c’est son curriculum vitæ : le légendaire architecte canadien aménageait des parcours de golf, il n’y jouait pas.

Bâtisseur dont la brillante carrière se compare avantageusement à celle de Donald Ross, Alister MacKenzie, Harry Colt, A.W. Tillinghast, C.B. MacDonald, Seth Raynor et même de son ancien partenaire Robert Trent Jones Sr, Thompson mérite amplement cet honneur. Une belle occasion de célébrer le golf et ce, pour plusieurs raisons.

Chaque fois que le golf émerge de son créneau particulier, en marge des courants dominants du monde sportif, il fait des gains. Ces moments sont trop rares dans une culture nationale axée sur le hockey, le football et autres sports d’équipe à grand déploiement. On peut donc espérer que l’entrée de ce natif de Toronto au temple national du sport, à Calgary, attirera l’attention du pays tout entier sur le golf et sur les talents d’architecte de Thompson.

De 1921 à son décès prématuré en 1953, à l’âge de 60 ans, Thompson a conçu pas moins de 117 terrains de golf au Canada. Ils jalonnent le pays, de Capilano, Banff et Jasper dans l’ouest, passant par St Georges, Westmount, St Thomas et Cataraqui en Ontario, puis par Beaconsfield au Québec, jusqu’à son chef-d’œuvre, selon moi, le Highlands Links de l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. Sans oublier les réalisations de Thompson à l’extérieur de nos frontières : il a aménagé vingt parcours aux États-Unis et huit autres en Amérique latine.

Pour sa contribution exceptionnelle au monde du golf canadien, Thompson a été intronisé au Temple de la renommée du golf canadien en 1980 et, en 2005, le gouvernement fédéral l’a nommé « personne d’importance historique nationale ».

Son héritage est aujourd’hui préservé pour les générations futures par la Stanley Thompson Society, fondée en 1998. C’est avec grande fierté que j’en suis récemment devenu membre.

On peut aussi espérer de cette intronisation du grand maître au Panthéon des sports canadiens aidera à faire connaître son art et qu’une part de cette notoriété rejaillira sur les architectes de parcours talentueux qui ont suivi ses traces.

Le golf canadien est vraiment privilégié d’avoir vu naître nombre de grands artisans. Des disciples de Thompson comme Robbie Robinson, Howard Watson, Geoffrey Cornish et Bob Moote, le flambeau est passé aux visionnaires d’aujourd’hui, les Doug Carrick, Tom McBroom, Graham Cooke, Les Furber, Ian Andrew, Daryl Huxum et Rod Whitman qui, à leur tour, le transmettent à la relève qu’incarnent Jeff Mingay, Riley Johns, Gary Browning, Wade Horrocks et le champion du Tournoi des Maîtres 2003, Mike Weir, les Thompson de demain. Ce serait bien qu’on leur attribue plus de mérite pour leurs œuvres.

Dans le livre de Jim Barclay, The Toronto Terror, on trouve ces mots de Cornish qui capturent à merveille l’influence de Thompson, non seulement sur ses associés, mais sur le golf lui-même, au Canada et ailleurs : « [Thompson] a contribué de manière exceptionnelle au golf, avec ses œuvres magnifiques d’un océan à l’autre, son désir de beauté qui se manifestait jusque dans ses créations les plus modestes, sa réputation internationale, sa volonté d’instruire ceux qui travaillaient pour lui et son objectif de créer une société dynamique d’architectes de parcours de golf. »

Stanley Thompson a transformé les critères de l’architecture de golf au pays. Son concept de ratio risque/récompense au jeu continue d’être un des principes de base de l’architecture de parcours moderne. Un concept qui a rendu le jeu plus réfléchi et stimulant, et qui a contribué à hausser le répertoire des terrains de golf canadiens sur le même podium que les meilleurs au monde.

Les amis de Thompson seront d’accord avec moi pour dire que cette intronisation au Panthéon des sports canadiens, à Calgary, ne fait qu’ajouter un hommage bien mérité de plus à cet homme dont la carrière remarquable lui en a déjà valu tant.


Un bâtisseur à l’honneur

Cet article a été publié dans le numéro de juin 2015 du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image à la gauche.