Blog Gordon et le golf

Parties en solo

CT Pan (Claus Andersen/ Mackenzie Tour-PGA Tour Canada)

La mécanique et la philosophie du handicap constituent un mystère pour la majorité des golfeurs. Un mystère essentiel au plaisir de la pratique du golf et à la compétition équitable, mais un mystère quand même.

Pour mieux comprendre, faisons un peu de métaphysique.

Nous sommes tous familiers avec cette énigme vieille comme le monde : « Si un arbre tombe dans la forêt et qu’il n’y a personne pour l’entendre, fait-il un bruit? »

Remplacez cet arbre hypothétique par « partie en solo » et peut-être comprendrez-vous alors la décision récente de la USGA et de Golf Canada d’interdire l’affichage des scores des parties en solo à des fins de handicap.

Le 22 janvier, Golf Canada annonçait qu’il se rangeait du côté de la USGA dans cette question litigieuse.

L’annonce même était empreinte de controverse. En effet, Golf Canada avait plus tôt affirmé que, contrairement à la USGA, il permettrait aux parties en solo d’être affichées à des fins de handicap. Mais l’association a convenu avec le recul que cette prise de position manquait de vision et ne tenait pas compte de l’avenir du golf à l’échelle planétaire.

« Après un examen approfondi des modifications aux règles du handicap annoncées par la USGA à la fin de l’an dernier et des discussions additionnelles au sein du Conseil d’administration et du Comité du handicap, Golf Canada s’alignera avec toutes les modifications proposées, a déclaré Golf Canada sur son site Web. «. Cela comprend la disposition qui s’applique aux parties jouées en solo. Ces changements s’inscrivent dans un cadre plus large visant à unifier les règles du handicap et à soutenir l’établissement possible d’un système mondial de handicap, une initiative que nous approuvons sans réserve. »

En mai dernier, John Paul Newport faisait la prédiction suivante dans le Wall Street Journal :

« La USGA est le chef de file d’une initiative visant à mettre d’accord les six autorités mondiales en matière de handicap. Le système de handicap des États-Unis, qui comprend l’évaluation de parcours et le système Slope de la USGA, serait la base d’un éventuel système mondial de handicap tout en intégrant les meilleurs éléments des autres systèmes. Cette initiative est le point d’orgue d’un effort d’unification de la gouvernance du golf à l’échelle mondiale. Depuis une dizaine d’années, la USGA et son partenaire en gouvernance, le R&A, qui supervise le golf partout sauf aux États-Unis, au Mexique et au Canada, ont à toutes fins pratiques consolidé le golf dans trois autres domaines : les règles du jeu, les règles de l’équipement et, plus récemment, le statut d’amateur. »

Contrairement à la croyance populaire, le R&A ne supervise pas le handicap. En 1927, il a confié cette responsabilité au Council of National Golf Unions (CONGU) pour la Grande-Bretagne et d’Irlande. L’Association européenne de golf (EGA) contrôle le handicap sur le continent. Réunir sous un même parapluie le CONGU, l’EGA et d’autres associations constitue un défi pour la USGA, mais celle-ci ne ménage pas ses efforts. C’est un objectif admirable pour l’amélioration à terme du golf.

Il y a plusieurs années, alors employé de l’Association Royale de Golf du Canada (aujourd’hui Golf Canada), j’ai été impliqué dans la conversion de notre système d’évaluation de parcours au révolutionnaire système Slope de la USGA, invention personnelle de Dean Knuth. Ce système créait l’égalité des chances en ce qui a trait au handicap pour tous les golfeurs nord-américains, et il a depuis été adopté dans plus de 160 pays. Certains ont gardé le système antique et inéquitable dit Standard Scratch System, mais il faut espérer que le Slope sera en vigueur à l’échelle mondiale dans un proche avenir. De même, les nouvelles règles sur le handicap.

À mon avis, il faut applaudir la USGA et Golf Canada pour leur recherche d’un système mondialement reconnu pour le handicap et l’évaluation de parcours. Les défis sont considérables, mais c’est un objectif qui mérite d’être atteint dans les meilleurs délais.

Comme le minuscule pourcentage de golfeurs qui jouent des parties en solo, je joue la plupart du temps quelques trous le matin ou au crépuscule. Mon ensemble de bâtons est incomplet et je frappe quelques balles sans forcément suivre les règles du golf. Je me permets de faire cette observation parce qu’en cela je ressemble aux golfeurs en solo.

Comme je garde à l’esprit que la révision par les pairs est essentiel à l’affichage des scores, je n’ai pas le sentiment que cette décision de Golf Canada porte atteinte à mon intégrité. De même, je ne souscris pas à la théorie courante selon laquelle Golf Canada est à la remorque de nos voisins du sud.

Je n’affiche pas les scores des parties en solo. Je ne l’ai jamais fait.

Par conséquent, l’arbre de ma métaphore du début ne fait pas de bruit quand il tombe, en ce qui a trait au handicap.

Pour être franc, cela rend encore plus agréables mes excursions solitaires. Elles sont un secret entre moi et le golf.

Alors, camarades des parties en solo, ne laissez pas votre arbre solitaire vous faire perdre de vue la forêt du golf.