19e trou Blog

Le Tournoi des Maîtres de la perspective d’André Rousseau

(David Cannon/ Getty Images)

L’extase de la victoire et l’agonie de la défaite

Depuis 1934, le club Augusta National a été le théâtre des plus grands triomphes comme des défaites les plus amères.

Durant les derniers jours, on n’a pas manqué de souligner le 30e anniversaire de la victoire inattendue de Jack Nicklaus en 1986, mais on n’a presque pas fait allusion à la terrible défaite de Greg Norman aux mains de Nick Faldo, il y a 20 ans.

Ce jour-là, le Requin Blanc détenait une avance de six coups sur Faldo avant la ronde finale, mais il a commencé à connaître toutes sortes d’ennuis et son avance a fondu comme neige au soleil. Sur le deuxième neuf, étouffé par la pression, Norman a multiplié les gaffes pour jouer 78 et offrir la victoire à son rival sur un plateau d’argent.

Rarement a-t-on vu un grand champion s’écraser de la sorte. Il faut quand même accorder à Faldo tout le mérite qui lui appartient. Il a joué 67 en finale pour enlever son troisième et dernier veston vert.

Dans une récente entrevue, Norman a déclaré qu’il ne se sentait pas bien avant le dernier parcours. Quelque chose qui clochait dans son élan. Il en a parlé à son entraîneur Butch Harmon qui a tenté de le rassurer, mais sans succès.

Cette défaite suivra Norman jusque dans sa tombe, mais elle a aussi contribué à le rendre « plus humain » dans les yeux des amateurs de golf. Ce jour-là, on a compris que le malheur peut frapper tout le monde sur un terrain golf, même un joueur qui a été « numéro un mondial » pendant plus de 300 semaines consécutives.

Autres malheurs:

Greg Norman n’est pas le seul à avoir connu l’agonie de la défaite à Augusta. Voici d’autres exemples:

Faits d’armes:

En revanche, il y a plein de joueurs qui sont venus de l’arrière pour connaître l’extase de la victoire:


Spieth amorcera la ronde finale avec une faible avance d’un coup sur Smylie Kaufman

Il est 17h30 et le soleil se couche doucement sur Augusta National.

Assis dans la dernière rangée à Amen Corner, j’aperçois au loin le petit pont qui porte le nom de Ben Hogan. Plus près, je peux admirer l’allée du 13e trou, le jardin de fleurs, les grands pins de la Géorgie et le vert diabolique où j’ai déjà calé un roulé de 50 pieds bon pour… un double bogey.

Le décor est fantastique, mais il y a quelque chose qui fait défaut. On dirait que la magie n’est pas la même sans Tiger Woods et Fred Couples. Sans compter que Phil Mickelson a plié bagages après 36 trous et que Bubba Watson n’a jamais été « dans la parade ».

J’aimerais vous parler du duel tant attendu entre Jordan Spieth et Rory McIlroy, mais il n’a jamais eu lieu. Ce dernier a connu une journée misérable. Non seulement a-t-il joué 77, mais il n’a pas réussi un seul petit birdie. C’était la première fois en 80 rondes dans un tournoi majeur. Sur le vert du 18e, il était si frustré qu’il aurait aimé  lancer son fer droit dans la foule.

Quant à Spieth, il a vécu toute la gamme des émotions sur le deuxième neuf. Il a d’abord commis un double-bogey au 11e, puis il s’est ressaisi avec trois oiselets, mais il n’était pas au bout de ses peines. Un bogey au 17e et un double au 18e l’ont forcé à se contenter d’une carte de 73. Il entreprendra donc la ronde finale avec une avance d’un seul coup sur Smylie Kaufman, un golfeur de l’Alabama qui participe au Masters pour la première fois.

« Je viens d’ouvrir la porte à tout le monde, a admis Spieth en conférence de presse. J’aurais pu avoir la vie facile comme l’an passé en ronde finale. Au lieu de cela, je devrai tenter d’oublier ces deux mauvais trous et me remettre au boulot. Ça va me prendre un bien meilleur résultat dimanche si je veux gagner et je ne pourrai pas me fier uniquement à mon fer droit. Je devrai mieux frapper la balle. Dans les circonstances, n’importe qui peut « tomber sur la tête » et se sauver avec la victoire. »

Spieth tente de devenir le premier golfeur depuis Tiger Woods (2002) à gagner deux fois de suite à Augusta. Il ne l’aura pas facile.

D’autres joueurs sont dans la course grâce aux déboires de Spieth en fin de journée. Parmi eux, il y a Bernhard Langer (58 ans), Hideki Matsuyama, Jason Day, Dustin Johnson, Danny Willett, Brandt Snedeker et Lee Westwood.

« Langer m’impressionne, a dit Spieth. C’est vrai qu’il gagne très souvent sur le circuit des Champions. Les conditions difficiles sont à son avantage à cause de sa vaste expérience à Augusta. Il sera certainement à surveiller. »

Jack Nicklaus est le plus vieux joueur à avoir gagné le tournoi des Maîtres. Il avait 46 ans quand il a réussi l’exploit en 1986.

Qui a-t-il d’autre à retenir?


DeChambeau : Une attitude de champion

Si on oublie le dernier trou où il a commis un triple bogey, le jeune Bryson DeChambeau a été le meilleur golfeur dans des conditions très difficiles, vendredi après-midi. Pour un golfeur qui n’a pas encore quitté les rangs amateurs, il s’agit d’un exploit remarquable.

Non seulement DeChambeau possède-t-il un talent exceptionnel pour frapper une balle de golf, mais il est tout aussi impressionnant lorsqu’il se présente devant les journalistes pour étaler ses états d’âme. Il s’exprime très bien, connaît son affaire et ne manque surtout pas de confiance en lui.

En gros, il a dit : « J’ai été erratique avec mon bois-1 au dernier trou, mais ce n’est pas la fin du monde. Je suis fier de ma journée dans l’ensemble et je crois encore en mes chances de victoire. Je devrai cependant améliorer mon jeu sur les normales 5 et mieux me servir de mon wedge. »

Après avoir été couronné champion de la NCAA et avoir enlevé le championnat amateur des États-Unis, DeChambeau a eu l’intelligence de jouer cinq tournois chez les pros tout en conservant son statut amateur. Il a aussi joué 12 rondes de pratique à Augusta avant de participer au Masters. Il ne se fait pas mieux comme préparation pour un golfeur de 22 ans.

« J’aime beaucoup l’attitude de ce jeune homme, a déclaré Colin Montgomerie sur les ondes de Golf Channel. Il a commis un triple bogey au dernier trou et ne s’est jamais plaint de son sort. Au contraire, il a promis de revenir plus fort. C’est là l’attitude d’un champion. »


Encouragé par McIlroy

« Bryson n’a peur de rien et je m’attends à ce qu’il joue très bien en fin de semaine », a ajouté Jordan Spieth, son compagnon de jeu durant les deux premières rondes.

Rory McIlroy a joué à deux reprises avec DeChambeau durant les derniers mois. Une fois à Abu Dhabi et une autre fois à Bay Hill. Après coup, il lui a dit : « Si tu continues de jouer comme ça, je vais te revoir très souvent. »

Le jeune Californien ne pouvait pas recevoir de plus beau compliment de la part de McIlroy. « Il a été très gentil de me dire ça. Je l’apprécie beaucoup et ça me sert de motivation. »

Le tournoi des Maîtres n’a jamais été gagné par un golfeur amateur même si c’était le vœu le plus cher de Bobby Jones. Billy Joe Patton et Ken Venturi ont failli réussir l’exploit durant les années 1950, mais ils ont « manqué de jus » dans le dernier droit.

Sous les grands pins


McIlroy aux trousses de Spieth

The Masters - Round Two

À cause du vent, Jordan Spieth a vécu sa première ronde au-dessus de la normale à Augusta et il détient un seul coup d’avance sur Rory McIlroy à mi-chemin du 80e tournoi des Maîtres.

Après avoir réussi deux birdies en début de match, Spieth a vu le ciel lui tomber sur la tête. Il a commis un double-bogey et quatre bogeys pour un total de 74. Quant à McIlroy, il a sauvé sa journée avec trois oiselets entre le 13e et le 16e trou. Il est maintenant en excellente position pour tenter d’enlever la quatrième manche du Grand Chelem. McIlroy amorcera la troisième ronde en compagnie de Spieth et on devrait assister à tout un spectacle.

« À cause du vent, les conditions de jeu était très difficiles aujourd’hui et ça pourrait bien être le cas en fin de semaine, a dit Spieth en conférence de presse. On se croirait au U.S. Open avec la vitesse des verts. C’est parfois impossible de frapper la balle près du fanion. Il y a encore plusieurs joueurs qui peuvent gagner ce tournoi. Rory n’est pas un ami personnel parce qu’il a cinq ou six ans de plus que moi, mais j’ai pour lui le plus grand respect. J’ai hâte de jouer avec lui. »


DeChambeau impressionne

The Masters - Round Two

Le jeune Bryson DeChambeau, champion amateur des États-Unis, était au plus fort de la course jusqu’à ce qu’il commette un affreux triple-bogey au dernier trou. Il amorcera la troisième ronde à quatre coups des meneurs. Il a quand même impressionné la galerie par son jeu en général. À noter que le Masters n’a jamais été gagné par un golfeur amateur.

« Je savais que j’étais capable de jouer dans ce tournoi, a dit DeChambeau, un jeune homme très sûr de ses moyens. J’ai raté mon coup de départ au dernier trou, mais ce n’est pas la fin du monde. Je suis à seulement quatre coups de la tête et je crois encore en mes chances de victoire. Je devrai cependant mieux jouer sur les normales 5. Je vis une expérience extraordinaire. Il faut seulement que je reste patient et que je garde la balle en jeu. Je ne suis pas nerveux du tout. Si tout va bien, j’aurai un week-end du tonnerre. »

Comme l’impression que nous n’avons pas fini d’entendre parler de Bryson DeChambeau.

Tom Watson, à sa 43e et dernière participation au tournoi, a manqué d’essence et il n’a pu faire mieux que 78 pour un total de 152. Il a quand même été applaudi tout au long de la journée. Les gens savent reconnaître un « grand champion ».

Phil Mickelson s’est sorti du tournoi avec un affreux 79. À 45 ans, il devient difficile de tenir tête aux jeunes loups…

Enfin, notons la belle performance de l’Allemand Bernhard Langer. À 58 ans, il a réussi a joué 72 et 73 pour un total de 145. Il est donc à cinq coups du meneur.


Le roi est rendu vieux

On ne croyait pas vivre assez vieux pour voir cela, mais le légendaire Arnold Palmer, fort comme un cheval, éprouve maintenant de sérieux problèmes d’équilibre. C’est pour cela qu’il s’est abstenu de frapper la première balle, jeudi matin.

Nick Price, ex-numéro un mondial, lui a rendu un bel hommage en ces termes : « C’est lui qui a fait du Masters le tournoi qu’il est aujourd’hui. Il est arrivé en même temps que la télévision et il était le gars parfait pour ce nouveau médium. C’est son style de jeu et son magnétisme qui ont rendu le golf si populaire. Il était ami avec le président des États-Unis (Dwight Eisenhower), avec Bob Hope, Jackie Gleason et plusieurs autres vedettes. Tous les regards étaient tournés vers lui. Je n’enlève rien à Jack Nicklaus et à Gary Player, mais c’est Arnie qui a révolutionné le golf. »

Quarante ans après Palmer, c’est le jeune Tiger Woods qui a soulevé l’enthousiasme et créé une nouvelle génération de golfeurs. Qui sera le prochain roi?


Sous les grands pins


ELS : problème majeur

The Masters - Round One

On a beaucoup parlé du 66 de Jordan Spieth, des déboires de Rickie Fowler (80), Jason Day et Adam Scott après la première ronde du Masters, mais encore plus des « six coups roulés » d’Ernie Els sur une distance de « trois pieds ou moins » au premier trou.

Dans toute l’histoire de ce tournoi, on ne se souvient pas d’une telle mésaventure. Pour une raison qu’il ignore lui-même, le grand Ernie était incapable de faire reculer son fer droit pour frapper la balle. Sans doute un problème neurologique ou psychologique.

« Je ne peux pas vous expliquer ce qui s’est passé, a-t-il dit après avoir joué 80, la pire ronde de sa carrière à Augusta. Je me demande si je ne devrai pas subir une opération au cerveau. J’aurais voulu sauter dans mon auto et aller me cacher quelque part à l’extérieur de la ville.

« J’aurais pu me retirer sur le champ, mais j’ai trop de respect pour le golf et pour ce tournoi. Je ne sais pas ce qui s’est passé. C’est inexplicable. Par la suite, je me suis accroché du mieux que je pouvais, mais j’ai raté la cible durant toute la journée. Je ne sais pas combien de coups j’ai gaspillés. Je ne sais pas non plus ce que je vais faire pour remédier à la situation. »

Curieusement, Els dit qu’il peut s’installer sur le vert d’exercice et caler 20 roulés d’affilée sur une distance de trois pieds. Une fois rendu sur le terrain, c’est une autre histoire.

Gagnant de quatre épreuves du Grand Chelem, Els a souvent connu des ennuis à Augusta. Il a failli gagner le tournoi en 2004, mais Phil Mickelson a réussi un birdie au dernier trou pour le battre par un coup. Dans les années qui ont suivi, il a raté quatre fois la coupure et il n’a pu faire mieux qu’une égalité en 13e place (2013).

Big Easy utilisait un « belly putter » quand il a gagné le British Open à Royal Lytham en 2012. Sachant que ce bâton ne serait plus légal à compter de janvier 2016, il a recommencé à jouer avec un petit fer droit, l’an passé. De toute évidence, la transition a été difficile.


Day sympathise

Jason Day, qui  jouait en sa compagnie, ne se souvient pas d’avoir vécu ce genre de situation.

« Ernie et moi sommes de bons amis depuis que nous avons fait équipe dans la Coupe des Présidents. Je ne savais pas qu’il éprouvait de tels ennuis avec son fer droit. Tu ne veux pas voir un autre joueur connaître ce genre de problème. Ça peut même mettre fin à ta carrière. J’espère qu’Ernie parviendra à s’en sortir et à jouer comme il en est capable », a dit le numéro un mondial.

Au moment d’écrire ces lignes, Els vient d’amorcer sa deuxième ronde avec un double-bogey. Houston, we have a problem. A big problem!


Plein de surprises en première ronde du Masters

The Masters - Round One

Aucun golfeur n’a gagné le veston vert deux années de suite depuis Tiger Woods (2001-2002), mais le jeune Jordan Spieth semble déterminé à répéter l’exploit.

Le golfeur du Texas, qui suit fièrement les traces de Byron Nelson, Ben Hogan et Ben Crenshaw, a joué 66 en première ronde du Masters et il détient une avance de deux coups sur l’Irlandais Shane Lowry et le Néo-Zélandais Danny Lee.

À 69, trois coups derrière, on retrouve les Anglais Paul Casey, Justin Rose et Ian Poulter, l’Espagnol Sergio Garcia et le Danois Soren Kjeldsen. Rory McIlroy a commis un bogey au 18e et il a dû se contenter d’un pointage de 70. Comme on peut le voir, ce sport n’a jamais été aussi «international».

«À cause du vent et des conditions de jeu, j’aurais été content de jouer 70, a dit Spieth. Mon jeu s’en va dans la bonne direction et je suis heureux de mon rendement avec le fer droit. Si je peux mieux jouer avec mes fers, je serai en business».


Six putts au premier trou!

On a eu droit à plein de surprises en lever de rideau. Voici quelques exemples:


McIlroy : « La pression, c’est pour les pneus »

Tiger n’est plus là, du moins pour l’instant, et les jeunes loups se bousculent aux portes dans l’espoir de lui succéder.

Un de ceux-là est Rory McIlroy, golfeur de l’année en 2014 et ancien numéro un mondial. Le Nord-Irlandais de 26 ans a perdu quelques plumes durant la dernière année, mais il demeure un talent exceptionnel. Une victoire ici cette semaine lui permettrait de compléter le Grand Chelem et de rejoindre des légendes comme Ben Hogan, Gene Sarazen, Jack Nicklaus, Gary Player et Tiger Woods.

« Je suis prêt à faire feu, a dit McIlroy quelques heures avant de frapper sa première balle. Évidemment, ce tournoi n’en est pas un comme les autres. Je suis à mon mieux lorsque je suis relaxe et c’est le cas présentement. La pression, c’est bon pour les pneus!

« C’est mon huitième Masters et je sais ce que je dois faire pour gagner ici. Je connais très bien le parcours et je suis capable de faire mourir la balle avec un coup en hauteur. Je sais exactement quand attaquer ou redoubler de prudence. J’ai un plan de match et je vais le mettre en pratique. »

En 2011, à l’âge de 21 ans, Rory filait vers la victoire quand il s’est écroulé sur le dernier neuf pour jouer 80. Sans doute était-il un peu trop nerveux. L’an passé, il a réussi à retrancher 12 coups à la normale, mais un mauvais départ l’a empêché de chauffer les fesses de Jordan Spieth et il a dû se contenter de la quatrième place.

« Je vois très bien ce que font les Jason Day, Jordan Spieth et Rickie Fowler, poursuit-il. Cela me sert de motivation. Je veux placer mon mot dans la conversation. Je pense que ça s’en vient. Je pense aussi que le golf est chanceux d’avoir une nouvelle génération de champions. Nous avons tous la passion du jeu et nous sommes prêts à voyager partout à travers le monde. »


Scott, Bubba et le Big Three

Il y a au moins une douzaine de joueurs qui peuvent gagner ce tournoi. Peut-être même un peu plus. Il fut un temps où Tiger Woods était largement favori. En fait, il était dans une classe à part. Son absence ouvre la porte à tout le monde.

Parmi les favoris, il y a évidemment le BIG THREE : Jason Day, Jordan Spieth et Rory McIlroy. Personne ne serait surpris si un de ces trois joueurs se sauvait avec le veston vert.

Il faut aussi penser à Adam Scott, Bubba Watson et Rickie Fowler.

Scott connaît un très bon début de saison avec deux victoires et une deuxième place. Il se dit « en mission » cette semaine. À 35 ans, il est à son apogée et rien ne lui ferait plus plaisir qu’une deuxième victoire à Augusta. S’il connaît du succès avec le « petit » fer droit, il sera à surveiller dimanche.

Bubba Watson est un peu offusqué de ne pas être parmi les favoris même s’il a gagné ici en 2012 et 2014. Ce parcours l’avantage parce qu’il est un long cogneur « de droite à gauche ».

À 27 ans, Rickie Fowler se dit prêt à gagner son premier trophée majeur. Il a fait montre de son immense talent en enlevant le championnat TPC à Jacksonville, l’an passé. Il a du style et il sera assurément un des chouchous de la foule.

Chez les joueurs à surveiller, il y a aussi Phil Mickelson, Louis Oosthuizen, Justin Rose et le grand Henrik Stenson. À 45 ans, Mickelson tente de rejoindre Arnold Palmer et Tiger Woods, quatre fois champions à Augusta. Oosthuizen possède un élan à faire rêver. Rose a gagné l’Omnium des États-Unis il y a trois ans et il a terminé deuxième derrière Spieth l’an passé. Quant à Stenson, il a été baptisé « Runner Up » parce qu’il finit souvent deuxième. Peut-il causer une surprise?

Dans la catégorie des « long shots », on retrouve Brooks Koepka, Zach Johnson, Sergio Garcia, Brandt Snedeker, Charl Schwartzel, Patrick Reed, Ian Poulter, Kevin Na, Graeme McDowell, Victor Dubuisson et le grand Ernie Els (46 ans).

Que la fête commence!

Tom Watson applaudit la nouvelle génération

The Masters - Preview Day 2

Après Sam Snead, Ben Hogan, Arnold Palmer, Jack Nicklaus et plusieurs autres légendes du golf, c’est au tour de Tom Watson de faire son dernier tour de piste à Augusta.

À 66 ans, le rouquin de Kansas City est forcé de se rendre à l’évidence : il ne frappe plus la balle assez loin pour rivaliser avec les jeunes loups de la PGA.

« Il fut un temps où j’étais un des plus longs cogneurs du circuit, mais cette époque est révolue depuis longtemps, avoue-t-il. Je frappe maintenant la balle à 250 verges et ce n’est pas suffisant pour obtenir de bons résultats sur un parcours aussi long (7435 verges) que celui d’Augusta. Tout ce que je peux espérer, c’est d’éviter la coupure après 36 trous. Ma décision est prise depuis plusieurs mois. Le temps est venu de tirer ma révérence. »

Watson sera chaudement applaudi lorsqu’il grimpera l’allée du 18e trou pour la dernière fois. Non seulement a-t-il gagné le Masters à deux reprises (1977 et 1981), mais il a souvent été dans la course aux grands honneurs, terminant une douzaine de fois parmi les 10 premiers.

« J’ai tant de souvenirs d’Augusta, poursuit-il. Je n’oublierai jamais la journée où j’ai pu jouer ici avec mon père et Gene Sarazen. Mon père aimait le golf autant que moi. J’ai aussi vécu des moments inoubliables lors du dîner des Champions avec avec les Ben Hogan, Sam Snead, Byron Nelson, Henry Pickard, Herman Keiser et bien d’autres. C’est un grand privilège que d’appartenir à un club aussi sélect. »


Quadruple bogey au 16e

On se souvient d’abord de Watson pour ses cinq victoires dans l’Open de Grande-Bretagne, mais c’est ici à Augusta qu’il a compris qu’il pouvait rivaliser avec Jack Nicklaus et les grands champions de la PGA.

Il a dû faire ses classes comme tout le monde. En 1970, encore dans les rangs amateurs, il a raté la coupure après avoir commis une erreur stupide au 13e trou. Cinq ans plus tard, il luttait pour le championnat quand il a expédié deux balles à l’eau au 16e trou sous les yeux de Nicklaus. Il aurait voulu disparaître dans l’étang avec son quadruple-bogey pendant que le Golden Bear calait un roulé de 40 pieds pour « casser les jambes » de Johnny Miller et de Tom Weiskopf.

En 1997, Watson s’est retrouvé de nouveau dans la course. Cette fois, il n’a pas loupé sa chance. Même s’il était presque étouffé par la pression, il a réussi un coup de fer 5 absolument parfait au 16e trou, puis il a enregistré un birdie au 17e et une normale au 18e pour se sauver avec la victoire, deux coups devant Nicklaus.

Trois mois plus tard, il a encore eu raison de Nicklaus dans le fameux duel de Turnberry (Écosse) et sa carrière était lancée. Entre 1977 et 1984, il a gagné 33 épreuves de la PGA en route vers le panthéon du golf.


Il choisit Rory pour gagner

Watson comprend très bien que le temps est venu de « passer le flambeau » aux plus jeunes. D’ailleurs, il ne cache pas son admiration pour les jeunes loups de la PGA.

« Ils sont vraiment bons, dit-il. Ils ont beaucoup de talent et ils frappent la balle au bout du monde. Je pense surtout à des joueurs comme McIlroy, Spieth et Jason Day. Rory frappe la balle si haut et si loin qu’il est capable de « déchirer » n’importe quel terrain. Il est mon choix pour gagner cette semaine. Jason Day en est un autre qui frappe la balle en hauteur. À Augusta, c’est un net avantage que d’atteindre le vert avec un fer court. Ça fait toute la différence.

« Je suis très impressionné par le rendement des jeunes et aussi par leur comportement en général. Ils sont très gentils avec les amateurs, de merveilleux ambassadeurs pour notre sport. J’apprécie le fait qu’ils accordent une grande importance à leur conditionnement physique. Ce n’était pas le cas dans mon temps. Par contre, je frappais entre 300 et 400 balles par jour. C’était pas si mal comme exercice. »

Tant et aussi longtemps qu’il le pourra, Watson continuera de venir à Augusta pour participer au dîner des Champions et à la compétition Par 3, le mercredi après-midi.

Comment voudrait-il qu’on se souvienne de lui? « Allez demander aux autres, répond-il. Personnellement, je veux juste que mes adversaires se rappellent de moi comme d’un excellent golfeur. Je suis allé à l’école de Byron Nelson et j’ai travaillé fort pour améliorer mon jeu court. Il m’arrivait souvent de sauver la normale avec mon wedge ou mon putter, mais ça fait partie du jeu. Je pense aussi que j’ai traité les gens de la bonne manière, du moins la plupart du temps. C’est important ça aussi. »

Merci pour tout, M. Watson.


Jason Day et ses grille-pain!

The Masters - Preview Day 2

On ne devient pas numéro un mondial sans avoir une bonne tête sur les épaules. Jason Day en est la plus belle preuve.

Deux jours avant le début du 80e tournoi des Maîtres, le golfeur australien s’est présenté devant les journalistes et il a répondu à leurs questions avec une belle assurance, comme s’il avait fait ça toute sa vie.

Jason Day se présente à Augusta dans la peau du numéro un mondial.

« Il y a plus de monde que l’an passé, a-t-il dit avec un sourire en coin. Je suis content de me présenter ici dans la peau du numéro un. Je suis à l’aise ici et je pense que j’ai tout ce qu’il faut pour gagner ce tournoi, mais je ne me vois pas comme le grand favori et je ne prends rien pour acquis. Il y a plusieurs joueurs qui peuvent aspirer aux grands honneurs.

« Je pense notamment à des gars comme Jordan Spieth, Rory McIlroy et Henrik Stenson. Il y a aussi le vieux Phil (Mickelson) et plusieurs autres champions. Notre circuit n’a jamais été aussi compétitif. »

Jason Day a gagné cinq tournois l’an passé, dont le championnat de la PGA, son premier titre majeur. Il a repris de plus belle en 2016 en enlevant le tournoi Arnold Palmer à Bay Hill et le Dell match-play à Austin, Texas. Il joue le meilleur golf de sa carrière et il dit que son dos ne le fait plus souffrir. Dans son cas, « the sky is the limit ».


Il a failli tout lâcher

Jason Day est ici depuis vendredi afin de mettre toutes les chances de son côté, mais il n’est pas question qu’il passe trop de temps sur le parcours ou dans le terrain d’exercice. Par expérience, il ne croit pas à cette façon de faire. Il veut se préparer « juste assez » tout en demeurant calme et détendu.

« À Augusta, il est important d’avoir de bons coups de départ, mais il faut surtout placer la balle au bon endroit avec ses fers si on veut avoir du succès. Mon seul objectif pour l’instant est de jouer assez bien pour être “dans la parade” dimanche. Alors, tout devient possible. »

Si le regretté Yogi Berra avait été professionnel de golf, il aurait dit: « Le golf est 90 % mental. L’autre moitié est physique. » Et Jason Day lui aurait probablement donné raison.

En 2011, il était sur le point de tout lâcher. Ses résultats étaient décevants. Il avait envie de rentrer à la maison même s’il avait une invitation pour participer au tournoi des Maîtres. Ses proches ont réussi à le faire changer d’idée. Il s’est présenté à Augusta et il a terminé deuxième, deux coups derrière le Sud-Africain Charl Schwartzel. C’est le coup de pied dont il avait besoin.

« Le golf est un jeu très frustrant, dit-il. Je me souviens de mes années dans les rangs amateurs où tout ce que je pouvais gagner, c’était des grille-pain. Je jouais pour l’honneur et pour gagner des grille-pain!

« Une fois rendu chez les pros, c’est une autre histoire. Il faut que tu produises et que tu gagnes des bourses intéressantes si tu veux conserver ta carte et rester parmi l’élite. Lorsque tu traverses une période creuse, tu deviens frustré. Tu as moins de plaisir à jouer et moins le goût de retourner au champ d’exercice.

« Émotivement, il y a des hauts et des bas. Parfois, tu en viens même à détester le golf. Tu songes à remplacer son caddie, ton professeur, ton agent d’affaires et même ta femme, mais c’est là que tu as le plus besoin d’eux et de leurs conseils.

« Oui, j’ai eu envie de lâcher, mais mes proches m’ont soutenu et encouragé. Ils étaient là pour ça. Je suis allé à Augusta, j’ai fini deuxième et j’ai repris goût au golf. Vous connaissez la suite de l’histoire. »

Jason Day: un jeune homme dont on n’a pas fini d’entendre parler.


Deux grands absents: Fred et Tiger

Northern Trust Open - Round One

Fred Couples (Harry How/ Getty Images)

Après 21 heures de route, je viens de mettre les pieds dans la salle de presse du club Augusta National. On m’a assigné le même siège que d’habitude: G-13. C’est mon chiffre chanceux au paradis du golf.

Le très populaire Fred Couples doit se retirer du Masters à cause d’un mal de dos insupportable.


En route vers Augusta

Drive, Chip and Putt Championship at Augusta National Golf Club

(Getty Images)

Debout à 4h. du matin. Douche rapide et je saute dans l’auto pour rejoindre mes deux compagnons de voyage.

Il fait très froid et il y a encore pas mal de neige dans les montagnes du Massachusetts, du Connecticut et de la Pennsylvanie, mais nous roulons dans la bonne direction. Vers 14h. lundi, nous serons aux portes du paradis.

Vous aurez compris que nous sommes en route pour Augusta afin d’assister au tournoi des Maîtres. Depuis 14 ans (dans mon cas), c’est un tradition, un privilège et un pur bonheur que de retourner sur les terres de Bobby Jones pour voir à l’oeuvre les champions de la PGA dans un jardin botanique comme il n’en existe nulle part ailleurs.

Augusta, ce n’est pas juste un tournoi de golf qui est télédiffusé dans plus de 250 pays. C’est d’abord un parcours d’une incroyable beauté avec d’importantes dénivellations et des verts aussi luisants que le capot d’une Corvette.

C’est aussi une organisation où rien, mais absolument rien, n’est laissé au hasard. Ce qui fait dire à Dan Jenkins, éminent chroniqueur de golf du Texas, que les États-Unis se porteraient mieux si le pays était administré par Bill Payne et ses copains du club Augusta National.

Augusta, c’est Byron Nelson, Sam Snead, Ben Hogan et tous ceux qui les ont suivis. C’est Arnold Palmer, son armée, son charisme, sa façon de retrousser son pantalon ou de piquer un clin d’oeil à une jolie spectatrice.

C’est Jack Nicklaus qui vient de nulle part pour arracher la victoire à 46 ans. C’est Seve Ballesteros qui soulève la foule avec sa magie. C’est Greg Norman qui se tord de douleur après avoir laissé filer une avance de six coups en ronde finale.

Augusta, c’est Tiger Woods qui devient champion à 22 ans et le fait avec tellement de panache qu’il force les organisateurs à allonger le parcours de 500 verges.

C’est aussi les grands pins de la Georgie, les arbres en fleurs, les clients en pamoison.

C’est Rae’s Creek et Amen Corner, là où on a assisté à tellement de rebondissements.

C’est Phil Mickelson qui saute huit pieds dans les airs après avoir gagné son premier tournoi majeur.

C’est Dwight Eisenhower qui se fait dire de se mêler de ses affaires après avoir voulu faire couper le gros arbre situé près de l’allée du 17e trou.

Augusta, c’est le retour du printemps et d’espoirs nouveaux.

Je vous invite à lire mes reportages durant les sept prochains jours. Je vous promets de faire de mon mieux pour vous rapporter les faits et gestes le plus fidèlement possible.

À plus.