Le prix du plaisir

(Golf Canada)

Inscrire ses enfants à des activités sportives peut s’avérer coûteux, mais pour les heures d’engagement qu’il offre, le golf est plus abordable qu’on pense.

La valeur réelle du golf junior ne peut se mesurer en chiffres. Parlez-en au double champion mid-amateur canadien Kevin Carrigan.

Enfant, Carrigan passait des heures au Cedar Hill Golf Course de Saanich sur l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, avant de devenir membre junior du prestigieux Royal Colwood Golf Club de Victoria.

« L’été, en route pour le travail, nos parents nous déposaient au club et ils devaient nous en arracher, quand le parcours fermait, pour qu’on aille se coucher », raconte en riant Carrigan, planificateur financier au Groupe Investors. « C’est un sport tellement social, surtout quand un groupe de jeunes golfeurs grandissent ensemble. Et on dirait que, plus le groupe est nombreux, plus on apprend. Rares sont les endroits où un jeune de 12 ans peut aller s’amuser en plein air, sans obstruction, avec quelques garçons de son âge. »

Les longues heures que Carrigan a consacrées à la pratique du golf ont été payantes, lui méritant une éducation supérieure au Collège Midland et à l’Université du Texas à Arlington, quatre finales dans le top 10 au Championnat canadien amateur masculin et deux laissez-passer à l’Omnium canadien RBC en tant que champion mid-amateur. Il sent maintenant qu’il doit redonner aux suivants en étant président des juniors au Royal Colwood et co-président des juniors de la zone 5 de British Columbia Golf.

« J’ai appris tellement de leçons de vie en jouant au golf, dit-il, à commencer par la façon de se tenir en public, quand tout le monde vous regarde, et aussi la capacité de s’adapter aux autres et d’interagir avec des gens très différents de moi. Comme, à 12 ans, quand j’ai joué en duo pendant cinq heures avec un homme de 85 ans, pas mon grand-père censé m’aimer, un étranger. J’ai dû apprendre à le connaître et ce fut une expérience inestimable pour mon développement personnel, au-delà du golf. »

Et tout ça pour un prix dérisoire, pourrait-il ajouter. Bien sûr, les abonnements coûtent plus cher qu’à l’époque où le jeune Carrigan de 30 ans fréquentait Cedar Hill et Royal Colwood, mais l’accès au jeu et l’engagement qu’acquièrent les enfants se mesurent favorablement à l’aune des activités sportives.

« C’est quelque chose qui me passionne, la valeur du golf comparée au prix d’autres sports, déclare Jason Giesbrecht, directeur du golf au Royal Colwood. J’ai trois enfants qui ont joué au soccer, à la crosse et à d’autres sports, et quand je regarde les possibilités qui s’offrent aux enfants sur un terrain comme Royal Colwood, où ils ont 167 acres d’espaces verts pour s’amuser, en plus des installations d’exercice, je trouve ça inestimable. »

Pour moins de 700 $ par année, les juniors de la famille d’un membre du club peuvent en profiter. Cela comprend des programmes organisés, des leçons de golf, des tournois et la possibilité de jouer en tout temps après 14 heures. Une partie durant quatre heures en moyenne, cela peut se traduire par 20 heures de jeu par semaine durant l’été si l’enfant est motivé, et il y apprend à la fois des habiletés sportives et des compétences de vie pendant que ses parents travaillent.

« Pour nos membres juniors, c’est comme un deuxième foyer durant l’été », ajoute Giesbrecht à propos du Royal Colwood qui organise une Journée des jeunes en mars pour initier les enfants de l’île au golf. « On a de belles histoires de juniors qui s’illustrent en compétition, mais les succès dont on n’entend pas toujours parler sont ceux des amitiés que nouent les enfants et de leur évolution sociale. »

Ce professionnel de la PGA du Canada met aussi l’accent sur l’activité physique et la mise en forme que propose le golf sans risque de commotion cérébrale ou de fracture. La dimension sécuritaire de ce sport ajoute à sa valeur, selon lui, pour les frais de 57 $ par mois qu’exige son club privé pour chaque junior.

C’est plus cher que la plupart des golfs publics où la majorité des jeunes, partout au pays, s’initient d’abord au vénérable sport.

La Ville d’Edmonton, par exemple, vend des adhésions juniors à 125 $ offrant le plein accès et le jeu illimité au Rundle Golf Course, un parcours de 18 trous à normale 3 dans l’est de la ville. Pour 425 $, on peut jouer tant qu’on veut sur trois terrains municipaux, Victoria, Riverside et Rundle. Dans ce dernier club, il n’y a aucune restriction, tandis qu’aux deux autres, on peut jouer toute la journée du lundi au vendredi, et après 15 heures les fins de semaine et jours fériés. Donc beaucoup de souplesse pour les activités familiales. D’autres formules abordables sont aussi offertes, comme les 90 trous au Rundle pour 75 $, ou 180 trous aux trois clubs pour 200 $.

À titre de comparaison, pour inscrire leurs enfants de moins de 4 ans à 17 ans au soccer, à Edmonton Sud, les parents peuvent débourser de 110 $ à 275 $ pour un ou deux matchs par semaine, soit pas plus de trois heures d’activité.

Le baseball mineur de South Jasper Place, à Edmonton, coûte 110 $ pour les enfants de quatre à cinq ans et le prix augmente jusqu’à 300 $ pour les joueurs de catégorie midget en ligue locale, ce qui se traduit par quelques heures de sport par semaine. C’est peu, à côté des quatre heures d’une partie de golf. Pour ce qui est du baseball promotionnel, quand on ajoute le coût des voyages et tournois, les frais passent de 650 $ pour le niveau Mosquito AAA à 1 050 $ pour le Midget AAA.

Le programme junior de Royal Colwood offre un enseignement de qualité, à la fois inclusif et motivant pour tous les groupes d’âges, peu importe le temps qu’il fait.

« Il y a tant de choses qu’un enfant peut apprendre du golf », souligne Adam Werbicki, un pro adjoint qui dirige depuis 11 saisons l’un des 32 Centres de développement du golf accrédités au pays, au Derrick Golf and Winter Club d’Edmonton. « C’est pour ça qu’on trouve le golf tellement formidable pour eux. Ils y apprennent, surtout personnellement, un tas de choses. »

« Personne ne frappe la balle pour eux et leurs succès leur appartiennent. Le défi est structurel et ils progressent à leur propre rythme. Et les enfants, ce sont des éponges, ils s’investissent complètement et ils s’amusent. C’est fascinant de voir combien ils peuvent apprendre en si peu de temps », ajoute Werbicki qui souligne en outre les compétences de vie, comme le respect et la patience, qu’enseigne le golf.

À l’autre bout du pays, un abonnement junior au Green Gables Golf Club de Cavendish, Î.-P.-É., qui donne droit aux privilèges de jeu sur ce parcours et ceux des clubs voisins d’Andersons Creek et de Forest Hills, coûte 395 $ la saison et passe à 525 $ pour les étudiants postsecondaires avec carte d’identité.

C’est peut-être un peu plus cher qu’une inscription au soccer avec les Rangers de Sherwood-Parkdale (de 105 $ pour les moins de cinq ans à 135 $ pour les moins de 17 ans), mais ça ne dit rien du nombre d’heures de jeu sur le terrain.

À Toronto, dans la plus grande agglomération du Canada, un abonnement junior (10 à 18 ans) de saison à 300 $, taxes comprises, donne accès aux cinq golfs municipaux. Les départs peuvent se faire après 11 heures du lundi au jeudi, et après midi du vendredi au dimanche, lorsque le jeune est accompagné d’un adulte qui paie ses droits de jeu.

« Le golf est le sport de toute une vie où les parents peuvent jouer aux côtés de leurs enfants », fait remarquer Giesbrecht qui a vu passer par le programme junior de Royal Colwood des golfeurs comme Carrigan, Naomi Ko de l’Équipe nationale amateur (qui a participé à trois tournois de la LPGA l’an passé) et Nolan Thoroughgood, un adolescent de 15 ans qui fut en 2016 le plus jeune golfeur à remporter le Championnat amateur masculin de Colombie-Britannique. « Peu de sports rassemblent ainsi les familles, et c’est un autre atout du golf. »

« C’est littéralement la forme de gardiennage la moins coûteuse qui soit », dit Carrigan, évoquant ses débuts à Cedar Hill, club qui a produit les professionnels de circuit Jim Rutledge et Rick Gibson.

Quand il ne jouait pas avec ses parents, il fréquentait d’autres adultes, absorbant des bribes de leur expérience de golfeurs et gentlemen, ce qui a énormément contribué à son développement.

« Un terrain de golf, c’est un lieu où fleurissent les anecdotes, explique Carrigan. Ça m’a aidé à façonner le type de personne que je voulais devenir. »

Voilà ce que Golf Canada souhaite inculquer chez les jeunes grâce à son plan de Développement à long terme du joueur qui encadre des programmes juniors d’un océan à l’autre.

« Nous n’en sommes encore qu’aux premières mesures de l’efficacité qu’ont certaines initiatives juniors de Golf Canada en matière de participation active », précise Jeff Thompson, directeur en chef du sport et chef de la direction par intérim de Golf Canada, faisant allusion au programme Golf en milieu scolaire créé en 2009 pour initier au golf des milliers de jeunes dans plus de 3 100 établissements au pays.

« Nous voulons que les enfants, en rentrant à la maison, disent à leurs parents : “J’ai joué au golf aujourd’hui et j’ai adoré ça! Voulez-vous essayer avec moi?” L’important, c’est que ça se traduise par une participation accrue aux leçons et camps de golf, ainsi qu’aux programmes de compétition, et par des adhésions familiales. »

« Les autres sports comme le basketball ou le volleyball se jouent à l’école, et quand les parents décident d’inscrire leurs enfants à une activité, ils choisissent généralement un sport que connaît l’enfant. C’est pourquoi nous voulions faire entrer le golf dans les écoles », ajoute Thompson.

Il n’est pas faux de dire que le golf peut devenir de plus en plus coûteux à mesure que le jeune s’équipe, mais on pourrait dire la même chose du hockey d’élite. Il y a des joueurs de 16 à 20 ans qui doivent débourser plus de 3 000 $ pour jouer au niveau Junior A ou B dans l’espoir de gagner une bourse d’études.

« Les gens croient que le golf est coûteux, mais si l’on cherche à faire participer nos jeunes, il existe diverses possibilités à prix raisonnable pour les y amener, comme les abonnements juniors et les camps d’été, insiste Thompson. Face aux autres sports, le golf est très concurrentiel. »

Et il conclut : « Le golf est une excellente activité sociale où ils apprennent l’honnêteté, la discipline réglementaire et l’intégrité. »

Combien cela vaut-il? Aux parents de décider.


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Cet article a été publié dans l’édition Familles au jeu du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image.