La force est avec nous

(Golf Canada)

L’édition 2017 de l’Omnium canadien RBC présente le plus fort contingent de golfeurs d’ici. Serait-ce la fin d’une disette de 63 ans?


Il y a deux ans, après avoir vu Jason Day réussir un roulé de 22 pieds pour l’oiselet au trou de clôture et ainsi remporter l’Omnium canadien RBC, David Hearn s’est présenté au centre des médias de Glen Abbey pour répondre aux questions des journalistes. Il savait d’avance ce qu’on allait lui demander, mais peinait à trouver les mots pour exprimer ses émotions.

Amorçant leur ronde finale avec deux coups d’avance, Hearn et son partenaire de jeu Bubba Watson – qui sera de retour au championnat masculin du Canada cet été après son absence de l’an passé – ont échangé la tête du tableau toute la journée, jusqu’à ce que la superstar Day enfile trois oiselets aux derniers trous pour les dépasser et rafler le titre en calant ce long coup roulé sur le 18e vert. Ce fut le début d’une belle envolée pour l’Australien, qui allait remporter son premier tournoi majeur deux semaines plus tard au Championnat de la PGA à Whistling Straits.

Terminant sa ronde finale deux coups derrière le meneur pour se classer troisième, Hearn, qui est originaire de Brantford, en Ontario, remercia les milliers d’admirateurs qui étaient venus dans l’espoir d’assister à un événement historique. S’il avait gagné, en effet, Hearn aurait été le premier Canadien à remporter notre omnium national depuis Pat Fletcher en 1954. Du même souffle, il reconnut que l’intensité du moment et la pression qui pesait sur ses épaules étaient difficiles à gérer.

« Pour qu’un Canadien gagne un jour ce tournoi, il devra livrer une performance spéciale », a déclaré Hearn.

Cet été, l’alignement canadien, d’une profondeur exceptionnelle, est prêt à relever le défi. Fer de lance de ce groupe, Adam Hadwin connaît jusqu’ici une saison 2017 formidable et est devenu le golfeur no 1 au Canada. Le nouveau marié de 29 ans a remporté son premier tournoi du PGA TOUR au Championnat Valspar en mars, sept semaines après avoir affiché son meilleur score en carrière – 59 – au Défi CareerBuilder. Une série d’excellents résultats et de présences en ronde finale l’ont hissé au 44e rang mondial, lui procurant toute la confiance nécessaire pour résister à la pression quand ça compte. Le golfeur originaire de Colombie-Britannique souhaite retrouver la touche magique qu’il avait lors de l’édition 2011 de l’Omnium canadien RBC au Shaughnessy Golf & Country Club (voir encadré).

Deux autres Canadiens du contingent détiennent aussi des titres du PGA TOUR, chacun obtenu en première saison sur le Circuit, Mackenzie Hughes cette année et Nick Taylor en 2014. De même que Matt Hill, qui s’est inscrit au tableau de l’Omnium en gagnant la qualification régionale d’Ontario à la mi-mai, ces golfeurs sont le fruit des efforts que consacre Golf Canada à son programme national de développement des joueurs.

Tout comme les jeunes Canadiens qui joueront à Glen Abbey du 24 au 30 juillet prochain, d’ailleurs, tel le nouveau professionnel Jared du Toit (récemment membre d’Équipe Canada et inscrit en vertu d’une exemption du commanditaire) qui a vécu son moment de gloire l’an passé en se classant 9e à la finale du tournoi. À l’instar de Hearn en 2015, du Toit était du dernier groupe au jeu, ce dimanche-là.

Il y aura aussi l’étoile montante Hugo Bernard, champion amateur canadien de 2016, qui en sera à sa deuxième participation à l’Omnium canadien RBC. Et n’oublions surtout pas les golfeurs plus aguerris qui porteront les couleurs du Canada cet été, comme Graham DeLaet, Mike Weir et Brad Fritsch, tous aspirants sérieux aux grands titres, dont celui-ci dans le cas de Weir et Hearn (voir encadré). DeLaet et Fritsch, eux, ont partagé les honneurs du top 10 en 2014 au Royal Montréal.

Par le passé, le Canada n’a offert à son omnium national que quelques espoirs légitimes : Weir, Stephen Ames et Ian Leggatt dans les années 2000, Dave Barr, Dan Halldorson et Richard Zokol dans les années 1980-90. Le nouveau contingent, alliant jeunes talents prometteurs et vétérans d’expérience, témoigne de la profondeur actuelle du golf canadien.

« L’édition 2017 sera particulièrement excitante pour les amateurs de golf du Canada, affirme Brent McLaughlin, directeur du tournoi de l’Omnium canadien RBC. On a frôlé la victoire ces dernières années, avec Hearn en 2015 et du Toit en 2016. Cette année sera peut-être celle où la disette prendra fin. »

Depuis quelque temps, le tournoi est dominé par les longs frappeurs qui défoncent le parcours de Glen Abbey, comme Jhonattan Vegas en 2016, Watson et Day en 2015, et Dustin Johnson en 2016 et 2013. Ce dernier, actuellement no 1 mondial, a confirmé sa présence et il sera le favori pour remporter ce championnat qu’il a déjà presque gagné.

À l’autre bout du spectre, un des plus courts frappeurs inscrits au tableau cette année – un golfeur habitué au rôle d’outsider – croit que le contingent canadien peut défier les pronostics. « C’est une question de temps, déclare Jim Furyk, champion de l’Omnium canadien en 2006 (Hamilton G&CC) et 2007 (Angus Glen – North). Il y a tellement de bons golfeurs canadiens. Je suis désolé que Weir n’ait jamais gagné ce tournoi, mais il y a DeLaet, Hearn et toute une bande de bons jeunes joueurs… je suis sûr que ça va arriver. »

« Les Canadiens veulent tellement voir ça et nous, nous voulons tellement le gagner, que ça rend les choses difficiles, explique Hearn. Mais en même temps, je crois que ça va se faire, on a assez de talent. »

Cette année, plus que jamais peut-être, la profondeur de talent du Canada est incontestable.


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Cet article a été publié dans l’édition juin 2017 du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image.