Jocelyne Bourassa : intronisation doublement méritée au Panthéon des sports canadiens

Jocelyne Bourassa

« Cela me rappelle plein de souvenirs », déclare Jocelyne Bourassa au sujet de son intronisation au Panthéon des sports canadiens, tenue à Toronto le 21 octobre avant sa télédiffusion sur Sportsnet 1 le 2 novembre à 19h.

Dans le cas de la grande dame du golf de Shawinigan, ils sont d’autant plus nombreux les grands moments que, fait rare quand même, elle a mené deux carrières distinctes et autant remplies de succès d’abord comme compétitrice, où elle possède des marques inégalées encore à ce jour, avant que les événements ne l’amènent à devenir directrice-gestionnaire et créatrice ce qui lui vaut en double sa place parmi les légendes.

Sept fois titulaire au Québec et deux autres fois au Canada, Jocelyne a également été couronnée championne d’Écosse et de la Nouvelle-Zélande à l’international à ses années dans les rangs juniors et amateurs.

Elle prendra une considérable décision en 1972. Éducatrice physique de formation, elle renonce à un emploi et à la sécurité pour tenter la grande aventure de la LPGA avec le soutien du mécène Jean-Louis Lévesque.

Il y a d’abord eu le trophée de recrue par excellence au circuit américain suivi de sa spectaculaire victoire devant son monde au club Municipal de Montréal en 1973 à La Canadienne. Aucune autre Canadienne n’a égalé la réalisation depuis voilà 42 ans.

INITIATION MODESTE, MAIS RÉUSSITE GIGANTESQUE

Les temps ont tellement changé. Jocelyne Bourassa n’est certainement pas issue des huppées clubs privés et encore moins des décocheurs à 550$.

« J’ai été initiée dans la cour du chalet familial aux Vieilles-Forges, où mon père Léger m’avait aménagé un mini-golf en enfouissant des boites vides de tomates pour servir de coupes et en accompagnant mon frère Gilles pour lui servir de cadet », dit-elle.

Pour revenir à la carrière comme joueuse, la santé n’a pas aidé.

Une vieille blessure à un genou subie en ski à ses années avec l’équipe de l’université de Montréal n’a jamais guérie, une grande décision s’est imposée.

« Comme je ne voulais pas d’une autre opération au genou, déjà que j’en avais subies trois, j’ai décidé de changer mon élan pour éviter le bistouri », explique-t-elle.

TRANSITION VITE RÉUSSIE

Le plan B n’a pas fonctionné ce qui n’allait surtout pas arrêter Jocelyne ni même la ralentir.

« Jocelyne a été joueuse, entraîneure (à l’université de l’Arizona) et responsable de tournois en même temps », révèle Marlene Stewart Streit pour imager le dynamisme de son ex-rivale.

Directeur-fondateur de La Canadienne, Luc Brien possède un excellent flair. Il recommande en 1979 Jocelyne Bourassa à Imperial pour lui succéder.

Jocelyne se distinguera à la barre pendant plus de vingt ans. En plus de présenter les Nancy Lopez, Annika Sorenstam, Lorena Ochoa et autres étoiles partout au pays, elle va créer une série destinée aux golfeuses canadiennes qui continue toujours de servir de tremplin.

Lorie Kane, Dawn Coe-Jones, Gail Graham et Lisa Walters jusqu’à Brooke Henderson plus récemment sont toutes des graduées de cette formation. Il en va de même avec Debbie Savoy-Morel, première et seule femme au pays professionnelle en titre d’un 36 trous au Mirage.

UNE RÉUSSITE QUI DÉPASSE SON SPORT

L’impact de Jocelyne Bourassa excède largement son sport.

Première francophone à réussir dans le sport, elle a ouvert la voie aux Jacqueline Gareau, nos trois Sylvie (Bernier, Daigle et Fréchette) Nathalie Lambert, Myriam Bédard, Mélanie Turgeon et toutes les autres qui continuent de nous faire honneur aux Olympiques ou aux Championnats du monde.

Toujours impliquée malgré la retraite au pays de Fred Pellerin à Saint-Élie de Caxton où elle est dorénavant installée, Jocelyne Bourassa aurait pu tout aussi bien être intronisée dans la catégorie athlètes.

Le comité du Temple peut se rassurer. Le choix dans le groupe des « bâtisseurs » est tout aussi juste.

« J’ai beaucoup apprécié la compétition, mais je considère que mes années à tenter d’aider (les autres joueuses) demeurent immensément satisfaisantes, cela m’ayant permis de remettre ce que j’ai reçu », conclut-elle.

Merci Madame Bourassa pour vos actions dans le sport et la place faite aux femmes.