Gordon et le golf

Jim Clark, le champion des bénévoles du golf

Jim Clark
Dustin Johnson & Jim Clark (Bernard Brault/ Golf Canada)

Le gazouillis a fait le tour du monde.

Du monde golfique canadien, du moins.

« Je laisse @RBCCanadianOpen après 34 tournois, 11 comme président de tournoi. Moment de nostalgie, souvenirs de Glen Abbey. À @TheGolfCanada, merci pour ces belles expériences et amitiés. »

L’auteur de ces lignes est Jim Clark (@cognashene pour les abonnés de Twitter) et la photo le montrait à côté du trophée de l’Omnium canadien RBC alors que le soleil se couchait sur le championnat de cette année, le 29 juillet.

À 61 ans, Clark peut se targuer d’une longue carrière de bénévole auprès de Golf Canada, impliqué dans notre championnat ouvert masculin depuis 1984, année où il entrait au Comité des cadets et juniors. Sa progression l’a fait passer par divers comités jusqu’à ce qu’on le nomme président de tournoi en 2002, lorsque le championnat a fait escale à l’Angus Glen Golf Club de Markham, Ontario.

En 1983, Bill Paul était directeur adjoint du tournoi, sous la gouverne du légendaire Richard « Dick » Grimm. Paul, aujourd’hui directeur des championnats professionnels à Golf Canada, dit que Clark possède cette rare combinaison de qualités qui a fait de lui le bénévole idéal.

« Jim s’est toujours intéressé à toutes les facettes du tournoi et il a toujours cherché des moyens de faire mieux. Il n’était jamais satisfait du statu quo. Il a une très belle personnalité, il est amical et d’approche facile. Il sait écouter et, s’il a une opinion, il l’explique de manière raisonnée. »

« Il reste le même, qu’il s’adresse au chef de la direction de RBC ou au responsable des bénévoles au septième trou de Glen Abbey. »

« Il a été pour nous le champion des bénévoles. »

C’est le genre de qualificatif qui correspond le mieux à Clark, sans aucun doute, parce qu’il fait écho à l’un des nombreux legs du regretté Dick Grimm, surnommé « M. Omnium canadien ».

Clark se rappelle la première fois qu’il a vu Grimm. « Je voyais cet homme à la stature imposante traversant le stationnement et j’ai demandé qui c’était. On m’a répondu : “C’est M. Grimm, il dirige la place.” Il avait l’air plutôt intimidant, plus grand que nature. »

En peu de temps, les deux hommes sont devenus de très bons amis et Clark a vite adopté de tout cœur le mantra fondamental de Grimm.

« Occupe-toi des bénévoles, dit Clark en imitant assez bien la voix de baryton rocailleuse de Grimm. Je l’ai encore à l’oreille comme s’il me l’avait dit ce matin même. »

Selon Paul, Grimm aurait été fier de voir comment Clark a porté son héritage. De plus en plus, le rôle essentiel des bénévoles (il y en avait plus de 1 500 à l’Omnium canadien RBC cet été) est ignoré, avec toute cette attention que l’on porte aux infrastructures, aux médias, aux entreprises, aux exigences logistiques, etc.

« On ne voit plus aussi souvent, au golf professionnel, ce que Jim représentait, fait remarquer Paul. Il s’était donné pour mission de garder en vie l’héritage de DIck où “le bénévole est roi”. À bien des égards, Jim était l’homme de la situation. »

Lorsque l’Omnium canadien RBC se joue à Glen Abbey, en particulier, le rôle du président de tournoi est intimement lié au succès de l’évènement. Il doit consacrer d’innombrables heures à dénicher les bonnes personnes pour chaque tâche dans les quelque 20 comités essentiels à la tenue du championnat.

Une fois la planification réglée, arrive la semaine du tournoi avec ses journées de 18 heures de boulot. Mais au lendemain de l’Omnium, quand il retournait à son « vrai travail » dans l’industrie informatique le lundi matin, Clark affirme qu’il se sentait énergisé et euphorique. « Comparée aux 51 autres semaines de l’année, cette semaine en compagnie des meilleurs golfeurs au monde et de certaines des personnes les plus agréables que j’ai jamais rencontrées, c’était tout un contraste! »

Quand il revient sur certains des moments forts de sa longue carrière de bénévole, Clark ne peut s’empêcher de penser à la belle époque de Jack Nicklaus (« mon golfeur préféré de tous les temps »), Lee Trevino, Nick Price et leurs semblables. « Les gars comme Price venaient se réfugier dans la roulotte des cadets pour échapper au regard du public, prendre une bière et placoter, les pieds sur la glacière. C’était cool. »

Un autre de ses beaux souvenirs est de s’être retrouvé à l’intérieur des cordes, au 18e trou de l’Omnium canadien RBC 2000, quand Tiger Woods a frappé ce stupéfiant coup à son 72e trou. Mais quatre ans plus tard, un autre évènement, moins heureux, allait se graver dans sa mémoire.

« J’avoue que la tristesse de voir Mike Weir perdre en prolongation contre Vijay Singh ne me quittera jamais. Ça m’a brisé le cœur. »

L’expression qu’affiche Clark sur cette photo du 29 juillet trahit les sentiments doux-amers qui l’habitent. Quand on lui parle d’un éventuel retour dans les rangs bénévoles, il a la même réponse qu’au sujet d’un possible retour de l’Omnium canadien RBC à Glen Abbey : « Il ne faut jamais dire jamais. »

Avec l’escale que fera l’Omnium féminin CP en 2019 au Magna Golf Club près de son domicile d’Aurora, en Ontario, il se peut fort bien qu’on revoie Clark, lui qui est toujours membre du Conseil des gouverneurs de Golf Canada. Comme dit Paul, « il n’est qu’à un coup de fil de là… »

Ne jamais dire jamais.

Une autre alerte Twitter s’annonce-t-elle?