Lorsque le programme Golf en milieu scolaire a été lancé dans des écoles primaires choisies partout au Canada en 2009, nombreuses ont été les personnes qui ont trouvé dans cette initiative un précieux ajout au programme d’éducation physique. Elles ont apprécié les ramifications potentielles à long terme d’une des rares activités d’éducation physique permettant une participation familiale totale hors du cadre scolaire.
Si certains se demandaient si le fait de frapper des balles de mousse avec des bâtons de plastique constituait un exercice cardiovasculaire valable, les experts ne nourrissaient aucun doute à cet égard. Ils savaient que marcher d’un bon pas pour parcourir les 18 trous d’un terrain de golf aide à brûler des calories (jusqu’à 2000 en portant son sac), selon un rapport du Walker Research Group commandité par la Fondation mondiale du Golf et Golf 20/20.
De plus, d’après une étude de 2012 du magazine australien InsideGolf, un golfeur de handicap moyen marche environ 80 % plus que les distances indiquées sur la carte de pointage d’un parcours lorsqu’il joue 18 trous, ce qui équivaut à 9,9 kilomètres sur un terrain d’un peu moins de 6 000 verges.
Conçu en partenariat avec Éducation physique et Santé Canada et la PGA du Canada, le programme Golf en milieu scolaire de Golf Canada met justement l’accent sur la dimension active du jeu.
« Il ne s’agit pas d’un groupe d’enfants qui attendent qu’un élève exécute un coup roulé, précise Jeff Thompson, directeur en chef du développement du sport à Golf Canada. Ces programmes sont plutôt axés sur l’activité, alliant vitesse et agilité à la coordination et à l’équilibre. »
Étant donné ces avantages indéniables pour la santé, le programme Golf en milieu scolaire ne pouvait arriver à un meilleur moment. En effet, pour la première fois en deux décennies, la génération actuelle d’enfants pourrait avoir une espérance de vie inférieure à celle de leurs parents, souligne le New England Journal of Medicine qui blâme surtout l’obésité chez les enfants. De son côté, Statistique Canada indique qu’entre 1985 et 2011, l’obésité a triplé chez les jeunes Canadiens. Une autre étude soulignait l’an dernier que 84 % des bambins canadiens de 3 et 4 ans sont assez actifs pour respecter les recommandations en matière d’activité physique quotidienne, mais chez les 5 à 11 ans, ce pourcentage fait une chute vertigineuse à 7 %, et pour les ados de 12 à 17 ans, il est de seulement 4 %.
Cette recherche de Jeunes en forme Canada précisait que seulement 55 % des écoles canadiennes avaient mis en œuvre une politique relative à l’éducation physique quotidienne pour tous les élèves. Elle ajoutait que 82 % des parents souhaitaient que le système scolaire accorde plus d’importance à la prestation d’une éducation physique de qualité.
Pas que le système scolaire canadien soit en train d’abdiquer, mais la diminution des budgets a contribué à la réduction constante du temps consacré à l’éducation physique au fil des ans. Les comportements plus sédentaires des jeunes peuvent aussi être attribués en grande partie à l’incursion des technologies dans nos vies. Des programmes d’éducation physique plus soutenus à l’école ne constituent peut-être pas l’antidote parfait au problème d’obésité chez les jeunes, mais ils n’en représentent pas moins un pas dans la bonne direction. Et pas seulement en regard de ces bienfaits évidents que sont la bonne forme et les habiletés apprises aux cours d’éducation physique, mais aussi en ce qui a trait au développement social et scolaire des jeunes.
« La tendance observée est que l’on sabre généralement dans les cours d’éducation physique en premier. Or, les recherches indiquent que la participation des jeunes à des activités physiques, au-delà du développement moteur, aident à la concentration à l’école », soutient Tanya Forneris, professeure agrégée à l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa, que Golf Canada a consultée en 2014 pour « aider à intégrer des habiletés de vie comme la concentration, l’établissement d’objectifs, la persévérance, l’esprit sportif, le respect et l’honnêteté dans les programmes de Golf Canada destinés aux jeunes. »
Détentrice d’un doctorat en psychologie de l’orientation, experte dans les domaines du développement positif des jeunes et de la socialisation communautaire par le sport, Mme Forneris ajoute : « Les sports sont formidables pour enseigner de telles habiletés aux jeunes car ils adorent apprendre et sont d’autant plus motivés. »
Selon elle, le sport à l’école offre beaucoup plus de potentiel que la simple formation de caractère. « De nombreuses études, menées au cours des 15 dernières années surtout, nous servent à étayer notre approche du développement positif des jeunes intégrant les dimensions physiologique, sociale et éducative. »
Par exemple, au seul plan du développement cognitif, les données ne manquent pas pour appuyer cette démarche intégrée. Une recherche effectuée au Maryland en 1999 par C. Edwin Bencraft a démontré quatre postulats importants : l’exécution de tâches motrices exigeantes avant l’âge de 10 ans augmente la capacité cognitive; l’exercice aérobique améliore les fonctions cognitives en accroissant le nombre de veines capillaires qui irriguent le cerveau; les mouvements alternant les deux côté du corps augmentent la capacité de communication entre les deux hémisphères cérébraux; et l’activité physique diminue la production d’hormones de stress qui entravent les processus cognitifs.
Bref, les enfants actifs pensent généralement plus vite, se concentrent mieux et ont tendance à être moins stressés que leurs camarades de classe moins actifs. Une autre étude menée au Québec pendant six ans a montré que les jeunes ayant bénéficié de cinq heures supplémentaires d’activité physique par semaine obtiennent de meilleures notes en classe que ceux ne participant qu’au programme régulier.
L’Association canadienne des directeurs d’école abonde dans le même sens. Les enfants s’adonnant à des activités d’éducation physique tous les jours arrivent en classe plus disposés à apprendre, à jouer et à mieux interagir avec les autres, selon Parlons franchement des enfants et du sport, un ouvrage commandité par l’Association canadienne des entraîneurs. Il ne faut pas sous-estimer, non plus, l’élément d’estime de soi rehaussée grâce aux réalisations dans les activités sportives à l’école.
Meilleures notes, objectifs rehaussés, amis plus portés sur les études, rapports plus étroits et fréquents avec la famille, plus grande retenue face aux comportements à risque et propension accrue au bénévolat, voilà autant d’effets positifs du sport à l’école, souligne TrueSport, un mouvement de jeunes soutenu par l’Agence américaine anti-dopage.
Mais si le sport doit servir de véhicule pour inculquer de tels principes et habitudes chez les jeunes, il faut les « accrocher » tôt, que ce soit dans des activités d’équipe comme le hockey ou dans un sport plus individuel comme le golf.
« D’après les recherches actuelles, et ça s’applique particulièrement aux filles, si un ou une jeune n’a pas essayé un sport avant l’âge de 12 ans, les probabilités de pratiquer le sport passé cet âge diminuent considérablement », fait remarquer Thompson de Golf Canada.
Une recherche de 1993 du Melpomene Institute for Women’s Health, au Minnesota, arrive à la conclusion que « si une fille ne participe pas à un sport avant l’âge de 10 ans, il n’y a que 10 % de chances qu’elle soit active lorsqu’elle aura 25 ans. »
La situation ne s’améliore pas dans les écoles secondaires. Lorsqu’elle devient optionnelle, la participation à l’éducation physique au Canada a tendance à chuter sérieusement, et cette baisse s’observe davantage chez les adolescentes que chez les adolescents, notent de nombreuses études.
Bien des Canadiens sont maintenant d’avis que l’éducation physique devrait être obligatoire jusqu’au secondaire 5. Compte tenu des données scientifiques, les cours de gymnastique n’ont jamais paru un aussi bon choix.
La première partie de cette série d’articles, Leçons de vie, a été publiée dans l’édition d’avril 2015 du magazine Golf Canada. Pour lire l’article cliquez ici.
Golf en milieu scolaire enseigne beaucoup plus que le golf aux enfants
Cet article a été publié dans le numéro de juin 2015 du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image à la gauche. |