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Défendre l’or à Rio

The 1904 Olympic Golf Trophy (Graig Abel/ Golf Canada)

Pour le Canada, défendre une médaille d’or olympique n’a rien de nouveau. Nous l’avons déjà fait et nous comprenons la pression que cela implique. Au hockey, aux épreuves de ski et de patinage, au curling… le Canada accepte de relever le défi avec enthousiasme. La défense d’un titre olympique est pour les Canadiens une marque de distinction.

Lorsque les Jeux olympiques d’été s’ouvriront à Rio de Janeiro le 5 août, le Canada portera de nouveau cette couronne, mais ce qui rend cette défense de l’or olympique au golf si particulière, ce sont les circonstances qui l’entourent. Il s’agit selon moi d’un événement unique dans l’histoire des Olympiades, tous sports et tous pays confondus.

On ne peut pas dire que le duo de Brooke Henderson et Alena Sharp ainsi que celui qui émergera du quatuor Graham DeLaet, David Hearn, Adam Hadwin et Nick Taylor n’auront pas eu le temps de se préparer. En effet, cela fait 112 ans que notre compatriote George S. Lyon leur a légué le rôle de défenseurs du titre de champion en 2016. À 46 ans, cet homme attachant remportait l’or olympique à l’occasion de la deuxième et dernière présence officielle du golf aux Jeux, en 1904.

Jusqu’à maintenant. Le mérite d’avoir comblé cette lacune de plus d’un siècle revient à la Fédération internationale de golf (IGF), un puissant consortium regroupant l’United States Golf Association, le Royal & Ancient, les circuits de la PGA et de la LPGA, l’Augusta National GC et la PGA of America. L’IGF voit dans les Olympiques un potentiel inexploré de croissance.

« Nous croyons que la visibilité de notre sport sera spectaculairement rehaussée grâce à cette plateforme mondiale que seul l’Olympisme peut offrir », a déclaré Billy Payne, président du Masters, à la conférence de presse qui a précédé le Tournoi des Maîtres cette année.

Pour arriver à ce résultat auprès du Comité international olympique (CIO), l’IGF n’a rien laissé au hasard lors de son plaidoyer du 9 octobre 2009 à Copenhague, au Danemark. La fédération avait mobilisé le soutien exceptionnel de Tiger Woods, Jack Nicklaus, Annika Sorenstam, Michelle Wie et Padraig Harrington, entre autres, pour vendre le retour du golf aux Jeux de Rio en 2016 et à ceux de Tokyo en 2020. Le vote des délégués du CIO leur a donné amplement raison : 63 pour, 27 contre et deux abstentions.

Six ans et demi plus tard, nous ne sommes plus qu’à quelques semaines du coup de départ à Rio. Le tout nouveau parcours signé Gil Hanse et Amy Alcott accueillera 60 golfeurs et 60 golfeuses qui se mesureront séparément en parties par coups de 72 trous.

Jordan Spieth dit que s’il remportait une médaille d’or pour les États-Unis, ce serait comme une victoire en tournoi majeur. « Je vais prendre ça comme si c’en était un cinquième », a déclaré l’Américain plus tôt cette année.

Henderson, qui fait partie de l’équipe olympique canadienne de golf, est déjà en mode décompte. La star de Smiths Falls, Ontario, savoure à l’avance son voyage à Rio, cette occasion qui lui sera donnée de défiler avec les athlètes de l’Équipe olympique canadienne, un moment unique que si peu de gens peuvent vivre.

« On nous a montré des vidéos d’Olympiens debout bien droit durant les hymnes nationaux, de Canadiens en compétition et sur le podium », a dit l’adolescente prodige au sortir d’un symposium du Comité olympique canadien. « Chaque fois que je vois ces vidéos, j’ai la chair de poule, mon sang bouillonne! »

Nous allons défendre l’or au golf à la manière canadienne, comme l’a fait George S. Lyon il y a 112 ans, avec classe et distinction. Et surtout, avec tout notre cœur.