Depuis quelques années, l’industrie du golf met l’accent sur des initiatives visant à intéresser plus de jeunes à la pr atique du vénérable sport. En effet, si l’on veut assurer la croissance du golf à long t erme, il importe de se tourner vers les prochaines générations. Et il ne faut pas oublier celle des pe tiots qui viennent tout juste de commencer à explorer le monde sur leurs deux jambes .
Les accrocher tôt
En ce moment, le jeu préféré de mon bambin est l’ensemble ClearlySports Golf de Little Tikes qui ramène le jeu à son essence même. Il faut d’abord introduire quatre balles de couleur dans la tige transparente d’un gros bâton de golf en plastique. L’enfant appuie sur la détente pour libérer les balles sur un tee ou à même le sol, puis tente de les frapper en direction d’une cible trouée, ornée d’un drapeau, qui peut se placer n’importe où, sur un plancher de bois franc comme sur un tapis.
La première fois, mon fils a raté une série de coups roulés à moins de deux verges, envoyant la balle dans toutes les directions. C’est alors qu’il a eu une brillante idée : arborant un large sourire, il a placé le tee tout juste devant le trou. Adoptant la pose comme s’il avait un coup roulé d’une distance respectable à effectuer, il a fait tomber une balle bleue dans le trou.
« Papa, j’ai réussi! » s’est-il écrié en agitant le bâton dans les airs pendant qu’il faisait sa parade de la vic toire autour de la pièce.
Qui aurait pu prédire qu’un coup de quelques centimètres puisse provoquer une telle excitation, gonfler la confiance et faire connaître à un tout-petit l’enivrant avant-goût d’une éclatante victoire? Il suffit souvent à un enfant d’entendre le bruit de la balle qui atteint sa cible pour tomber en amour avec le jeu.
Coup de foudre pour le golf
Le processus de « séduction » au golf est généralement une affaire lente. Au départ, les golfeurs du dimanche peuvent flirter avec une marque de moins de 100 pendant des années et, soudainement, les voilà engagés dans une « relation sérieuse » qui se traduit par une fréquentation hebdomadaire du parcours le plus proche.
L’un des obstacles les plus souvent évoqués qui se dressent devant les éventuels adeptes du golf est la relative inaccessibilité du sport pour les débutants. À la différence du soccer ou du tennis, où l’on peut fouler immédiatement le terrain et y connaître un succès relatif, tenter de jouer une partie de golf à froid, sans avoir d’abord fait quelques séances au terrain d’exercice ou suivi quelques leçons, est une perspective propre à décourager n’importe qui. Le golf est un jeu « capricieux » qui a l’heur de nous humilier tous, et cela va même des géants comme Tiger Woods, avec sa carte de 82 à l’Omnium Waste Management de Phoenix, en février dernier.
Pour attirer une nouvelle clientèle, ou même conserver l’existante, l’industrie du golf doit accepter d’ajuster son approche, surtout auprès des plus jeunes. Même si le processus de séduction peut être long, parfois, rien ne nous empêche d’essayer de gagner de nouveaux adeptes en suscitant chez eux une sorte de coup de foudre pour le jeu, et ça passe par le plaisir.
Le petit génie du golf
Matty Du Plessis en est un bon exemple, le connaissez-vous? Ce jeune garçon de 11 ans vivant à Quechee, au Vermont, où ses parents lui ont fait l’école à la maison, apporte une bouffée d’air frais au golf. Vous le verrez sous le nom de MD_18undapar sur YouTube, Vine, Instagram et autres plateformes Web où il est devenu viral avec son numéro de rappeur golfeur et globetrotteur.
« J’aime les casse-tête. Il n’y a pas de mauvais coup et pour moi, le golf, c’est comme un puzzle en trois dimensions », explique le génie précoce du golf quand je lui demande pourquoi il aime ce sport. Du Plessis est fasciné par le défide résoudre des problèmes, et c’est ce qui l’attire dans le golf. Être coincé derrière un arbre et trouver un moyen de se sortir de là, tirer le maximum de distance d’un crochet pour vaincre un coude serré, voilà ce qu’il aime.
« Quand je n’y arrive pas, c’est sûr que ça fait grimper mon score, mais au moins, j’ai essayé », ajoute-t-il philosophiquement.
Du Plessis joue au golf avant tout pour s’amuser. Et c’est justement cette attitude, où le plaisir passe en premier, qui lui a valu des milliers de fans. « Prendre mon élan, frapper la balle, faire ricocher ma balle sur l’étang, trouver une solution pour me tirer d’un mauvais pas… Il y a tellement de choses qui me font aimer ça, » dit-il.
Dans sa populaire vidéo Stop, drop and make a 12 Foota, on le voit caler des coups roulés de quatre verges dans les rues de Londres et du Cap, et aussi dans l’allée centrale d’un Boeing 757. Ses cabrioles rythmées ont attiré l’attention de grands médias tels que le Daily Mail de Grande-Bretagne et The Golf Channel. Comme le laisse deviner son pseudonyme Web, l’ambition de Du Plessis est de jouer 18 sous la normale en tant que professionnel du PGA TOUR.
Même si ses coups roulés sur des surfaces approximatives, comme il le fait dans ses clips, ne l’aideront pas à « lire » les verts, le fait de caler sa balle dans les lieux les plus étranges ajoute à sa confiance en soi. « Si je peux atteindre la coupe dans un terrain de stationnement, sur le pont de Londres et 10 000 mètres au-dessus de l’Atlantique, alors je peux le faire sur n’importe quel vert », affirme le jeune prodige.
Vaincre ses aînés
Quand on cultive un goût pour le golf, bien avant de développer une fixation sur l’équipement ou le handicap, l’envie de jouer vient du désir d’envoyer des balles dans des trous. Ce fut mon cas. Le minigolf du camping familial Memorial Park, à Meadford, au bord de la baie Georgienne, m’a initié au golf. C’est, encore aujourd’hui, le parcours où j’ai joué le plus grand nombre de parties.
On se souvient toujours de la première fois où l’on a battu son père à un sport sans qu’il se laisse faire. Cela m’a pris deux étés complets à déchiffrer le parcours, mémoriser le sommet exact des bosses, reconnaître les angles de ricochet parfaits pour venir à bout du dédale, trouver la force exacte du coup pour survoler le bassin et identifier le meilleur point d’impact sur la boîte mystère pour que la balle en jaillisse droit sur le trou. Et j’ai réussi. Une victoire par deux coups de mieux que mon père et c’était comme si j’avais remporté le Tournoi des Maîtres.
Je n’ai pas gagné le fameux veston vert, mais je n’oublierai jamais le goût du sundae au chocolat Dairy Queen que mon père m’a offert comme récompense. Au cas où vous voudriez le savoir, Du Plessis a immortalisé ce jalon glorieux l’automne dernier en affichant une photo de sa carte de pointage sur Instagram, avec le mot-clic « Beat-Your- Dad-Selfie ».
L’élément déclencheur d’une sortie de crise pour le golf est peut-être à portée de main; après tout, en plus de 500 ans d’histoire, le vénérable sport a toujours trouvé le moyen de rebondir. Mais le moment est bien choisi pour se pencher sur tous les âges de la relève afin de leur faire découvrir les plaisirs du jeu. Qu’il s’agisse d’un bambin qui développe sa coordination psychomotrice en s’amusant à lancer des balles de plastique sur une cible, d’un préado branché qui affiche ses exploits golfiques sur YouTube ou d’une famille qui joue ensemble au minigolf, voilà autant d’avenues qui peuvent mener au 18e trou d’un parcours de championnat. Il suffit d’en profiter dès maintenant pour l’avenir du golf.
Cultiver le plaisir
Cet article a été publié dans l’édition d’avril 2015 du magazine Golf Canada. Pour lire l’article dans le format original, cliquez sur l’image à la gauche. |