Tout conseil de la reine qu’il soit, Mike Carroll ne reconnaît pas forcément un prince.
Cet avocat de Vancouver a vécu plusieurs moments-phares durant 2013, année où il a assumé la présidence de Golf Canada. Mais son moment « le plus amusant » aura été sa rencontre, dans des circonstances inhabituelles, avec le prince Andrew lors de l’Omnium britannique de l’an dernier, au Muirfield Golf Club, en Écosse.
Un midi, M. Carroll, représentant du Canada à ce championnat, et sa femme Anne étaient invités à déjeuner au Royal & Ancient Golf Club de St Andrews.
Les Carroll sont conduits à une table où des gens ont déjà pris place, y compris un gentleman qui se trouve à la droite de Mike Carroll. Quand celui-ci se présente comme président de Golf canada et résidant de Vancouver, cette personne le bombarde de questions sur James Island, une île privée au large de Victoria qui abrite un parcours de golf exclusif signé Jack Nicklaus.
« J’étais embarrassé parce que j’avais oublié que la famille McCaw était le propriétaire de ce parcours, de dire Mike Carroll. J’ai dit à cette personne que ce terrain ne m’était pas familier. Il m’a rétorqué avec son accent britannique : “Quoi! Vous êtes le président de Golf Canada et vous ignorez l’existence d’un parcours de golf sur James Island?” C’est incroyable. »
Mike Carroll ne réplique pas à cette remarque un tantinet déplacée et, heureusement, la conversation prend un autre tour. À un moment donné, le compagnon de table de M. Carroll lui dit : « Je dois retourner à Balmoral parce que ma mère y tient une réception. »
Soudainement, tout s’éclaire, et Mike Carroll de se rappeler la conversation avec un petit rire.
« Je me suis rendu compte que Balmoral était le château de Balmoral en Écosse, le foyer de la famille royale. Et que j’étais assis à côté du prince Andrew qui, soit dit en passant, a déjà été le capitaine du R&A. Lui et moi, nous avons eu un échange très agréable durant la demi-heure qui a suivi. »
L’année écoulée a été grisante pour le 110e Président de Golf Canada. Si le jeu lent est un grave problème pour l’industrie du golf, pour Mike Carroll, les 12 derniers mois ont passé à la vitesse de l’éclair.
« Je m’attendais à être occupé, mais je l’ai été au-delà de toutes mes prévisions », constate-t-il.
À titre de Président de Golf Canada, Mike Carroll a assisté aux quatre championnats majeurs et a vu Brandt Snedeker et Lydia Ko remporter les omniums canadiens masculin et féminin. Il a aussi été présent à plusieurs championnats amateurs d’un bout à l’autre du pays.
Mike Carroll garde un souvenir particulièrement précis de l’intronisation au Temple de la renommée du golf canadien de Jim Nelson, dans le cadre de l’Omnium canadien RBC au Glen Abbey Golf Club (Oakville, ON).
« Cette soirée a été un moment-phare personnel, car Jim et moi sommes amis depuis longtemps. »
Mais sa présidence est loin de s’être réduite à des poignées de main lors de tournois. Mike Carroll, qui travaille pour la firme Davis & Co. de Vancouver et qui est conseil de la reine depuis 1996, avait un agenda très chargé, et il se plaît à croire qu’il a fait évoluer les choses.
Sous sa tutelle, Golf Canada a poursuivi le processus de transition qui en fait un organisme de gouvernance plutôt qu’un simple organisme opérationnel. Il appartient au Conseil d’administration d’établir les politiques et de laisser ensuite le personnel de Golf Canada de faire le suivi. « Les séances du Conseil ont été très fructueuses, dit-il. Nous avons maintenant une vue d’ensemble du golf, sans nous laisser encombrer par les détails. Par exemple, nous avons maintenant une idée plus précise des mesures à prendre pour initier plus d’enfants au golf. »
En prenant la présidence de Golf Canada lors de l’Assemblée générale annuelle de février 2013 à Vancouver, Mike Carroll avait déclaré qu’il était impérieux de rendre le golf plus attrayant aux enfants. Ce fut l’une des priorités de la dernière année.
Golf Canada devait, a-t-il insisté, de concert avec la PGA du Canada et l’Association nationale des propriétaires de terrains de golf, s’attaquer à ce problème. M. Carroll est convaincu qu’il faut, pour atteindre cet objectif, développer des idoles – « la prochaine génération des Mike Weir », comme il dit.
« L’émergence de Graham DeLaet sur le Circuit de la PGA est un facteur important. Il est un excellent ambassadeur, surtout pour nos jeunes. Il s’efforce de communiquer avec nos équipes nationales amateurs, souvent par Twitter. Il est vraiment un membre de la bande. Il s’intéresse beaucoup aux réalisations de nos jeunes golfeurs et golfeuses, et pour nous, c’est un apport inappréciable. »
Au niveau amateur, Mike Carroll a de quoi être encouragé puisque quatre Canadiens ont accédé l’été dernier à la ronde de 32 du Championnat amateur masculin des États-Unis, Corey Conners, un Ontarien de Listowel, se qualifiant même pour les demi-finales.
Du côté féminin, M. Carroll souligne le brio de Brooke Henderson, 16 ans seulement, de Smith Falls en Ontario, qui a gagné plusieurs tournois amateurs prestigieux et occupe maintenant le sixième rang du classement mondial.
Quant à ses propres performances sur le terrain, Mike Carroll reconnaît que son jeu a souffert de son agenda chargé et de son intérêt récent – certains diraient « obsession » – pour le cyclisme. Résultat : son facteur de handicap est supérieur à 10.
Il ajoute cependant que ses amis de Point Grey, club de Vancouver ont il est un membre de longue date, le croiseront plus souvent cette année.
« Le cyclisme a nui à mes résultats sur le parcours, dit-il. Mais j’ai la ferme intention de me consacrer davantage au golf à présent que mon mandat à la présidence de Golf Canada est terminé. Mon objectif, c’est de passer sous la barre de 10, ce qui ne sera pas facile vu l’état de mon jeu. »