Il y a 70 ans ce mois-ci, Bruce Williamson et E. Roy Jarman bricolaient le premier chariot à main Bag Boy à partir de tubes d’aluminium assortis de quelques ressorts et de paires de roues de tondeuse. Près de trois quarts de siècle plus tard, non seulement l’entreprise existe-t-elle encore, mais elle a donné naissance à un secteur de l’industrie golfique en constante expansion, nourrie de haute technologie et d’innovation.
Une des raisons de cette popularité explosive des chariots à main – ou poussettes – de golf se trouve dans la pandémie de COVID-19. Un nombre croissant de personnes ont adopté le golf ou y sont revenues pour profiter de l’exercice au grand air avec distanciation sociale à la clé que favorise le sport. D’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte, comme le coût d’achat ou les frais de location d’une voiturette motorisée, ou même la disponibilité de ces véhicules dans certains clubs.
Il y a une autre raison, aussi, qui tient au gros bon sens. Le sac de golf moyen, avec ses 14 bâtons et quelques balles, pèse environ 10 kilos. Sans bouteille d’eau ni imperméable, parapluie ou accessoire supplémentaire… Porter tout ce poids pour la durée d’une promenade de huit kilomètres, ça ne fait aucun sens.
Les experts sont d’accord, à commencer par ceux du Golfdom Magazine dont l’opinion, publiée au lendemain de l’invention du Bag Boy par Williamson et Jarman : « …un golfeur va l’essayer, timidement, et se sentira gêné … mais ensuite, il se sentira mieux, plus reposé. Il n’aura plus mal aux épaules et sa carte de pointage affichera de meilleurs résultats. »
Une opinion qui a fait le tour du monde des golfeurs, à l’exception – étonnamment – des États-Unis et partiellement du Canada. Un sondage à l’échelle mondiale indiquait que l’utilisation des chariots motorisés (j’y reviendrai plus loin) ou des chariots-poussettes intéressait en moyenne 90 % des golfeurs au Royaume-Uni, comparativement à environ 60 % au Canada et aussi peu que 22 % au sud de la frontière. (Une partie de cette différence peut être attribuée à l’aménagement des parcours presque impossibles à marcher, aux États-Unis, ainsi qu’à la chaleur et à l’humidité des États du sud).
Néanmoins, on ne peut pas douter des faits scientifiques. En 2016, dans un texte publié sur le site www.mytpi.com, Dr Josh Nelson rapportait qu’une étude menée par Dr Neil Wolkodoff, directeur médical du Colorado Center for Health and Sports Science, avait découvert que les golfeurs qui marchaient et portaient leur sac de golf sur neuf trous brûlaient seulement trois calories de plus que ceux qui utilisaient un chariot à main. L’étude montrait également que les golfeurs qui portaient leur sac augmentaient les risques de blessure au dos, à l’épaule et aux chevilles.
Comme elle le fait depuis 1946, l’entreprise Bag Boy continue de se démarquer comme un chef de file de l’innovation, notamment avec son chariot Nitron dont le réceptacle s’ouvre sur la simple poussée d’un bouton actionnant un piston à l’azote (comme ceux d’un hayon de VUS) et qui intègre le système de fixation de sac breveté Top-Lok qui empêche le sac de tourner et se tordre durant le transport.
Don Heazel, cofondateur en 1987 de Golf Trends Inc., distributeur canadien de Bag Boy, dit que la demande est sans précédent : « Les ventes ont explosé, nous vendons tout le stock sur lequel nous pouvons mettre la main. Cinq conteneurs pleins vont arriver ce mois-ci et leurs cargaisons sont déjà réservées. »
Clicgear est relativement nouveau dans l’univers golfique, mais son arrivée a fait des vagues. Jim Annesley est le président de Goliath Golf qui distribue les produits Clicgear au Canada. Tout comme Heazel, Annesley œuvre dans l’industrie du golf depuis des décennies et il constate une adoption des chariots à main bien plus grande qu’autrefois.
« Je vois un nombre croissant de femmes en acheter et ils sont aussi de plus en plus populaires chez les jeunes golfeurs. » Un des attraits de son modèle de chariot est probablement l’option eWheels qui transforme le chariot à main Clicgear en chariot à moteur électrique.
« Il y a beaucoup de nouveaux adeptes du golf qui les achètent et c’est une excellente nouvelle pour la longévité du sport », souligne Annesley.
On assiste à une percée du chariot-poussette électrique sur les parcours de golf et ce, à grande vitesse, selon Joseph McLuckie, président fondateur de JPSM Golf, distributeur canadien du chef de file de l’industrie Motocaddy, ainsi que de Stewart Golf, PowerBug et Cart-Tek. Sa gamme de produits regroupe toutes sortes de modèles, allant du chariot manuel au chariot électrique télécommandé en passant par le modèle à connexion Bluetooth qui vous suit tout au long du parcours de golf à distance utile mais respectueuse…
« Jusqu’ici cette année, nos ventes sont en hausse de 383 % par rapport à la même période l’an passé, dit-il. J’estime que nous allons vendre près de 3 500 chariots en 2021. »
Plusieurs raisons expliquent cet engouement, non seulement pour les chariots, mais aussi pour tout ce qui touche au golf, croit McLuckie.
« Je vois des tas de nouveaux golfeurs qui veulent faire de l’exercice, qui travaillent chez eux à cause de la COVID, qui ont plus de temps libre et de revenu disponible, et qui veulent commencer à jouer au golf de la bonne manière, avec le bon équipement. Et il y a aussi les vétérans qui sont revenus au jeu et qui souhaitent savourer leur promenade au grand air sans avoir à porter leurs bâtons tout au long du parcours. »
On ne voit pas beaucoup de mères qui portent leur enfant de 10 kilos dans leurs bras ou sur leurs épaules à journée longue, n’est-ce pas? Bien sûr que non. Depuis des décennies, les jeunes mamans transportent leurs bébés dans une poussette.
Où croyez-vous que Williamson et Jarman ont trouvé leur idée?
Les mamans sont brillantes.